Conduite à tenir devant une anorexie Un aide-mémoire pour les soignants en institution

67 | par Michel

CONDUITE À TENIR DEVANT UNE ANOREXIE

Le texte ci-dessous n’est pas un protocole ; il veut être une simple approche du problème. Il pourra cependant être utilisé comme base à la rédaction d’un protocole, quand les équipes se le seront appropriées.

L’anorexie est un signe d’alarme très important chez la personne âgée. Les conséquences peuvent en être rapidement dramatiques :
- Infections, à cause du risque de déficit immunitaire.
- Grabatisation, à cause de la fatigue qui en résulte.
- Escarres : l’alimentation est le facteur évolutif essentiel.

L’ANOREXIE :

Un malade qui ne mange pas maigrit.

Toute suspicion d’anorexie impose une pesée.

On sait que l’appétit des résidents est très variable. On sait aussi que le poids peut varier en fonction de plusieurs facteurs. Mais le soignant doit être logique : s’il s’inquiète de l’appétit d’un résident, alors il doit le peser.

Un malade qui ne mange pas ne mange pas.

On n’a pas le droit de parler d’anorexie sans mettre en place une surveillance alimentaire.

C’est la même remarque : le soignant doit être logique. il doit aussi savoir qu’on ne peut se contenter d’estimations vagues comme "Il mange", ou "Il ne mange pas" [1]

La surveillance alimentaire :

- 1. La surveillance alimentaire peut être déclenchée par tout soignant : c’est une décision qui est de sa compétence. Le service doit s’organiser pour choisir une méthode de surveillance alimentaire qui soit à la fois simple et quantitative.
- 2. Toute suspicion d’anorexie impose la mise en place d’une surveillance alimentaire : il s’agit là d’un automatisme.
- 3. La surveillance alimentaire doit être faite avec ponctualité : elle ne peut donner d’informations que si elle est conduite sur plusieurs jours et sur tous les repas.
- 4. Il faut juger ce que le malade a laissé dans l’assiette, mais aussi ce que le soignant y a mis. C’est sans doute le plus difficile, car le soignant, de manière tout à fait logique, a tendance à remplir plus ou moins les assiettes en fonction de ce qu’il sait de l’appétit du résident. Le problème est que cet ajustement est souvent inconscient. Il faut donc en prendre conscience. Le plus simple est probablement de décider que tout résident mis en surveillance alimentaire se verra proposer une ration standardisée [2].
- 5. Les familles jugent souvent très bien les apports alimentaires. D’une manière générale les soignants ont tendance à disqualifier la parole des familles [3], et inversement. Il faut dire que les uns ont peur des autres. C’est dommage, car c’est dans le respect mutuel et la coopération que se trouve la clé.
- 6. Une surveillance alimentaire ne doit pas durer plus d’une semaine : cela n’a pas de sens, car les informations nécessaires sont obtenues en deux ou trois jours ensuite il faut décider.
- 7. Encore faut-il montrer les surveillances au médecin : toute anorexie implique un travail de sa part.
- 8. Parfois on fera une surveillance renforcée (sur trois jours) : feuille dans la chambre où on note tous les apports, y compris les friandises, les boissons...

CAUSES DES ANOREXIES :

Un certain nombre de causes d’anorexie sotn parfaitement repérables par le soignant. Les soignants ont un rôle diagnostique fondamental. Ce sont :
- Les mycoses buccales : tout soignant doit avoir une lampe de poche et savoir examiner une bouche. Il n’y a aucun sens à faire un soin de bouche sans l’avoir regardée.
- Les nausées. Encore faut-il interroger : les nausées ne se voient pas. Les soignants ne s’intéressent qu’aux vomissements, ils ont tort : ce sont les nausées qui sont le symptôme ; d’ailleurs les vomissements soulagent.
- Les fécalomes : toute anorexie impose une surveillance des selles.
- Les troubles coronariens : l’électrocardiogramme doit pouvoir être une décision infirmière.
- Les infections urinaires : toute anorexie implique une bandelette.
- Les pneumopathies : c’est évidemment un diagnostic médical, mais le soignant pourra repérer une dyspnée, une fièvre, une toux.
- Les déshydratations : c’est aussi un diagnostic médical ; mais le soignant repèrera une perte de poids rapide (en deux ou trois jours) ou une diminution de la diurèse (une vieillard dont l’incontinence paraît s’améliorer est a priori suspect de déshydratation), il prendra la tension et le pouls.
- Les troubles métaboliques (calcium, sodium ...) concernent le médecin.
- Les douleurs. Il faut interroger, observer, surtout chez le dément.
- Les dépressions, l’anxiété, les troubles psychiques de tous ordres.
- Et surtout les médicaments.

Notes

[1On n’aura d’ailleurs aucune peine à constater que le malade dont on dit : "Il ne mange absolument rien" mange le plus souvent plutôt mieux que celui dont on dit : "Il ne mange rien".

[2Au minimum il existe des cuillers-doseuses qui permettent, au moment du service, de se faire une idée de ce qu’on a proposé au résident.

[3On ne parle même pas de celle des malades.