Bonsoir, Nathalie.
Franchement, je ne m’en préoccuperais pas trop. Cette question des anticholinergiques dans la maladie d’Alzheimer me paraît le modèle des situations où l’écart est trop immense entre théorie et pratique, et où les avis sont d’autant plus péremptoires qu’ils ne reposent que sur des supputations.
Ce que nous disons, c’est que dans la maladie d’Alzheimer il y a un déficit en acétylcholine. D’où la prescription de médicaments qui ont pour objectif de limiter la destruction de l’acétylcholine dans le cerveau. Ce qui ne dit nullement :
Si le déficit en acétylcholine est vraiment l’essentiel dans l’Alzheimer.
Si c’est une cause ou une conséquence.
Si cela sert à quelque chose de lutter contre.
Si les médicaments proposés sont actifs là où il faut.
Si cela n’est pas plus nuisible qu’utile.
Etc.
Si je plaide pour qu’on en fasse au moins l’essai, ce n’est pas pour des raisons théoriques, ce n’est pas parce que je les porte aux nues, c’est parce que dans de rares cas ils marchent. Et qu’on ne sait pas prévoir quels sont les malades qui vont répondre.
Maintenant il y a des médicaments anticholinergiques, c’est-à dire dont l’effet est à l’opposé des médicaments "anti-Alzheimer" : ils vont augmenter la destruction de l’acétylcholine. Danger, donc. sauf que :
Ce qui est toxique dans les anticholinergiques comme les neuroleptiques ou les tranquillisants, c’est sans doute surtout leur effet sédatif.
L’action des anticholinergiques que vous énumérez est essentiellement périphérique ; rien ne dit qu’ils ont la même action sur les cellules cérébrales.
Et rien ne dit que ça a la moindre importance.
Donc je dirais :
Que les seuls médicaments dépourvus de toxicité sont ceux qu’on n’achète pas.
Que si les médicaments suspects ne sont pas nécessaires, il vaut mieux ne pas les utiliser.
Que s’ils sont nécessaires, le risque qu’ils font courir est très faible.
Qu’il est donc légitime de faire un essai.
Que si l’essai montre un fléchissement intellectuel, il suffira de les arrêter ; ce doit être réversible.
Que ça m’étonnerait...
Bien à vous,
M.C.