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En réponse à :

besoin de conseils

, par Michel

Bonjour, Brigitte.

Je me sens très démuni pour vous répondre, car la situation que vous racontez est une des plus difficiles qui soient.

Je noterai tout d’abord le renfermement progressif de votre mère sur elle-même. Cela me fait penser à des états relativement classiques Par exemple on sait que chez les personnes âgées présentant un déficit visuel on peut voir survenir des hallucinations, qui sont décrites sous le nom de syndrome de Charles Bonnet, et qui entraînent souvent des troubles du comportement parce que le malade tout simplement n’ose pas en parler. Mais plus simplement le fait de ne plus pouvoir accéder au monde extérieur conduit aisément à s’en désintéresser. Ce qui est étrange c’est que votre mère ait tout de même continué d’apporter tant de soin à son apparence extérieure il y a une sorte de contradiction entre ce que vous écrivez : elle s’est renfermée dans une "bulle", et dans la même phrase : toujours à l’écoute des autres, qu’il faudrait explorer. Évidemment on pense à un déni, mais il faut se farder d’une psychologisation trop simpliste.

Quand vous êtes parties en vacances (il le fallait bien) quelque chose s’est passé. N’allez pas culpabiliser trop vite : si les choses se sont passées ainsi, c’est que la crise menaçait. Toujours est-il qu’elle s’est réfugiée dans une rechercher religieuse ; cela lui ressemblait-il ? Vous n’en parlez pas, il faudrait voir cela de plus près : une chose est de se mettre à prier parce qu’on l’a toujours fait, une autre est de s’y mettre de manière complètement inopinée, ce qui pourrait correspondre à un délire méconnu.

Toujours est-il qu’elle a parlé de douleurs, et qu’on l’a explorée. C’est important, car pour qu’on ait pu le faire il faut qu’elle ait été d’accord, ce qui suppose un minimum de désir de vivre. Par contre il ne faut pas conclure : elle n’a rien ; car elle a mal, et la question est de savoir comment on calme cette douleur ; il y a des douleurs psychogènes, mais outre que cela reste à démontrer, ce sont des douleurs. Restons donc à dire : on n’a rien trouvé.

Maintenant la scène change, et nous avons des troubles de l’alimentation :
- Parce que manger lui fait mal ?
- Parce qu’elle présente un délire d’empoisonnement ?
- Parce qu’il y a un traitement qui lui ôte l’appétit ?
- Parce qu’elle présente une pathologie anorexiante méconnue ?
- Parce qu’elle ne veut plus vivre ?
- Parce qu’elle ne veut plus vivre à cause de ces douleurs ?
Et le problème est effectivement urgent, à cause de l’amaigrissement.

Une fois éliminées les questions liées à un trouble médicamenteux et à une pathologie physique, alors je me demande si le premier intervenant à trouver, plus que la psychologue, n’est pas le psychiatre. Il faut éliminer un délire, une dépression, et bien sûr une forme méconnue de démence de type Alzheimer, qui reste l’une des hypothèses les plus fréquentes.

Dans l’attente, je ne crois pas que vous parviendrez à quoi que ce soit en la stimulant : c’est ce qu’elle ne veut pas. Et il est toujours très difficile de trouver le bon positionnement : il faut arriver à lui faire entendre que vous êtes là, que vous l’accompagnez, que vous n’êtes pas d’accord avec son refus de continuer mais qu’en aucun cas vous ne l’abandonnerez : face au malade qui ne veut pas manger, on ne peut ni le forcer ni s’en désintéresser ; il existe une voie étroite qui permet de dire que vous aimeriez beaucoup qu’elle mange mais que si c’est son choix vous ne pouvez que l’accepter. C’est très difficile. Tout comme est difficile de se garder de deux dangers : - - La révolte qui vous pousse à dire : "elle n’a rien", alors que vous savez mieux que quiconque qu’il faut bien que votre mère ait quelque chose pour se rendre ainsi méconnaissable.
- La culpabilité qui vous pousse à vous dire inefficace alors que je me demande qui ferait mieux que vous.

Bien à vous,

M.C.

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