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En réponse à :

La démence et les réactions violentes

, par Michel

Bonjour, Lili.

Les possibilités de vous aider sont malheureusement assez limitées.

Vous posez très bien le problème : la violence et l’agressivité chez le dément repose en effet sur quatre mécanismes :
- Le premier est que la démence n’a pas de raison de changer les tendances de fond de l’individu. Celui qui était violent ou agressif avant la maladie le reste largement.
- Le processus démentiel lui-même n’a pas lieu de rendre violent ou agressif. La peur que le malade ne « devienne méchant » relève du fantasme, et il faudrait étudier les parentés entre l’horreur de la démence et le cinéma d’horreur. Par contre il est exact que le dément, parce qu’il perd sa capacité à analyser ce qui l’entoure et ce qui lui arrive, aura tendance à présenter des réactions de peur ou de défense chaque fois qu’il se trouve dans une situation qu’il ne comprend pas, qu’il ne sait pas analyser, ou qui témoignent d’un manque de respect. Et le problème est, d’une part que ces réactions défensives sont volontiers violentes, d’autre part que nous sommes si peu attentifs à notre propre comportement que nous ne prenons même plus conscience de ce que tel de nos mots, ou telle de nos attitudes, peuvent avoir d’agressif ou d’irrespectueux. En somme la violence du dément est presque toujours le résultat d’une erreur ou maladresse de notre part, le problème étant que pour arriver à éliminer toutes ces erreurs ou maladresses il faut une longue formation et une vigilance de tous les instants.
- Il y a cependant certaines formes de démence, comme le groupe des démences fronto-temporales, dans lesquelles (à tort ou à raison, c’est une autre affaire) on décrit une perte du sens des convenances sociales. Ceci amène le malade à avoir, par exemple, des comportements sexuels déplacés, mais aussi un vocabulaire ordurier, voire un comportement agressif. Je n’ai jamais remarqué que la démence vasculaire rende particulièrement violent.
- Enfin il ne faut pas oublier les comportements réactionnels, quand le sujet se rend compte qu’il perd son potentiel intellectuel. La violence du désespoir, en somme.

Mais que faire ?

Bien peu de chose. La seule prise en charge qui vaille serait comportementale, et elle suppose apprentissage, soutien, professionnalisation. Vous ne pouvez l’envisager que si vous disposez de l’aide d’un psychologue, et encore à condition qu’il soit lui-même très au fait de ces questions ; c’est l’équipe qui s’occupe de votre conjoint qui peut vous le trouver.

On peut aussi envisager un traitement médicamenteux, mais le prix à payer sera lourd, car il s’agit de réaliser une camisole chimique. Ce peut être la seule issue.

Mais il faut se résigner à admettre qu’il n’y a parfois aucune autre solution que d’institutionnaliser le malade. L’institutionnalisation n’est pas une faute, ni un reniement : c’est parfois la seule voie réaliste, étant entendu que la pire serait que vous décidiez de couler avec le navire.

Bien à vous,

M.C.

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