Bonjour, Jeanne.
Ces troubles psychiatriques du sujet âgé sont particulièrement difficiles à étudier. Je ne vais donc pas me risquer à vous donner une réponse sur une situation que je n’ai pas vue.
Il y a deux choses qui me semblent essentielles en termes de diagnostic :
La première est que votre père sait qu’il voit des choses anormales. Cela tend à indiquer qu’il a des hallucinations mais qu’il ne délire pas : le délirant est celui qui tire de mauvaises conclusions des informations qu’il reçoit. Il existe une foule de situations psychiatriques qui donnent à la fois des hallucinations de des délires, d’ailleurs le sujet qui en est à se fabriquer de fausses sensations n’a souvent pas d’autre solution que de se fabriquer de fausses interprétations.
Notamment, si votre père a des hallucinations et le dit, cela nous ôte un argument pour penser qu’il va vers une démence ; cela reste possible, mais il vaut mieux essayer de rechercher d’autres explications (notamment les hallucinations sont fréquentes dans les démences de type Alzheimer, mais à un stade où on n’est plus à se poser la question du diagnostic).
Alors quelles autres explications ? Pas facile. En voici quelques-unes :
Une maladie psychiatrique tardive : il y a notamment ce qu’on appelait naguère la psychose hallucinatoire chronique ; mais en principe le malade n’y critique pas ses hallucinations ;
Une récidive d’AVC : pourquoi pas ? le processus peut parfaitement toucher une zone sensorielle.
Une épilepsie ; mais on voit mal le sujet s’en souvenir.
Un médicament, comme toujours en gériatrie.
Cette pathologie particulière qui atteint le sujet souffrant de déficit sensoriel (visuel ou auditif) et qu’on appelle le syndrome de Charles Bonnet ; il est fait d’hallucinations isolées survenant chez un sujet en parfaite santé mentale.
Mais aussi une foule d’autres situations.
La seconde est que votre médecin a raison : dix jours c’est très peu, et il ne sert à rien de vouloir traiter des hallucinations dont votre père, par ailleurs, ne se dit pas spécialement gêné. A condition toutefois d’avoir éliminé les causes sur lesquelles on pourrait agir, notamment les médicaments (je suppose qu’en ce qui concerne l’AVC, tout ce qu’on peut faire, c’est à dire pas tellement de choses, est déjà en place).
Je serais heureux d’être tenu au courant.
Bien à vous,
M.C.