Poster un message

En réponse à :

Les troubles psychiatriques du sujet âgé

, par Michel

Bonjour, Aurélie.

Je vais avoir du mal à vous aider. Car cette situation est très inhabituelle, et la réflexion qu’on doit mener nécessite une grande subtilité. Je me demande comment je pourrais me risquer sans avoir vu la situation.

Sur le fond, je dirais que les choses sont en ordre : vous avez pris de sages décisions, votre mère les conteste, et c’est le moins qu’elle puisse faire. Ajoutons que, vous le voyez vous-même, il ne s’agit pas là de cette anosognosie dont on nous rebat si stupidement les oreilles : il paraît que les déments ignoreraient leur maladie. Certes votre mère ne dit pas qu’elle est démente ; mais tout son comportement vous montre qu’elle sait parfaitement que ça ne va pas, à telle enseigne qu’elle ne supporte pas l’idée que vous vous en êtes aperçue. Elle vous en veut de cette clairvoyance, et bien entendu elle en tire un bénéfice secondaire essentiel : si ça ne va pas, ce n’est pas parce qu’elle ne va pas, c’est parce que vous l’avez trahie ; il est tout de même beaucoup plus confortable, quand on doit se rendre à l’évidence, de pouvoir en accuser quelqu’un.

Faut-il parler de délire ? Je n’en sais rien. Je ne suis pas sûr, d’ailleurs, qu’on sache si bien que ça tracer les contours du délire (quand je dis que Dieu existe, quelle différence avec un propos délirant ?) ; ici votre mère vous accuse faussement ; mais le fait-elle parce que ça l’arrange ? Le fait-elle parce qu’elle ne sait plus analyser la situation ? Le fait-elle parce qu’elle délire ? C’est pour moi indécidable ; la seule manière de se tirer d’embarras serait sans doute de voir si un traitement neuroleptique arrangerait ou non la situation (j’en doute).

En tout cas votre position est excellente : vous faites ce qui est en votre pouvoir pour assurer l’intendance, et vous veillez à ne pas vous mettre vous-même en danger. Le reste ne vous appartient pas, il ne faut pas que cela entre en ligne de compte.

Que v-t-il se passer pour elle ? Rien de bon, peut-être, comme vous le soulignez. Mais voilà :
- Ce pronostic pessimiste ne vous donne pas pour autant un moyen d’action.
- Il y a peut-être, comme vous l’envisagez, quelque chose d’autodestructeur dans son comportement.

Mais nous entrons là dans le mystère.

D’abord, comme le dit Maisondieu, il y a des gens à qui la démence sert de refuge, comme s’il était moins dur de perdre la pensée que d’accepter de penser ce qu’il y aurait à penser.

Ensuite il y a des situations de démence où on se dit que plus vite la personne perdra les moyens de se rendre compte de ce qu’elle est en train de vivre, mieux cela sera pour elle (au point que cela peut constituer une objection à la mise en place d’un traitement). Le délire peut être un refuge très efficace.

Quant à l’autodestruction, oui, vous avez raison de vous poser cette question. Mais voilà : qu’y pouvez-vous ? Allons plus loin : si un jour je dois présenter une démence et que je décide que dans ces conditions ma vie ne vaut plus la peine d’être vécue, j’espère bien qu’on respectera ma décision, quelles que soient les formes que revêtira sa mise en application.

Mais que vous dire de plus ? Seulement vous répéter que vous êtes sur la bonne position, et que vous ne devez rien changer.

Bien à vous,

M.C.

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.