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En réponse à :

Les troubles psychiatriques du sujet âgé

, par Michel

Bonsoir, Sihem.

Je dois vous redire, comme je le fais sans me lasser, que je ne peux pas m’avancer à parler inconsidérément d’un malade que je n’ai pas vu. Je ne peux que faire des hypothèses en me basant sur les indications que vous me donnez.

Ce que je vois c’est que le neurologue a prescrit :
- De l’Aricept : c’est un traitement spécifique de la maladie d’Alzheimer (je passe sur le fait qu’on l’a essayé dans d’autres types de maladie neurodégénérative, notamment les démences vasculaires).
- De l’escitalopram : c’est un traitement spécifique de la dépression.
- Du Solian : c’est un neuroleptique.

Il a donc jugé qu’il avait affaire à un malade atteint d’une maladie de type Alzheimer, avec une dépression (réactionnelle à la maladie ou consécutive à son accident vasculaire), et des troubles du comportement suffisamment importants pour qu’on prenne le risque d’un neuroleptique.

Les psychiatres successifs on confirmé cette hypothèse. Ils ne se sont pas prononcés sur l’Aricept, puisqu’il était déjà prescrit, mais ils ont continué à proposer antidépresseurs et neuroleptiques, avec des ordonnances assez complexes, qui m’incitent à penser qu’ils jugent la situation délicate.

Mais alors le gériatre que je suis se trouve lui aussi en difficulté. Car dans mon expérience, si les troubles du comportement ne réagissent pas à des traitements neuroleptiques simples et à faibles doses, il est illusoire de penser qu’on aura le moindre résultat avec des traitements complexes ou puissants. Personnellement je n’ai jamais prescrit de neuroleptique à un malade souffrant de troubles cognitifs (même si, avec le recul, je pense que cette position était exagérée). Le problème, c’est que je peux vous dire ça, mais que cela ne vous donne aucune solution. C’est que je crains qu’il n’y en ait pas.

Cette résistance au traitement est hélas assez caractéristique des formes avancées de maladie de type Alzheimer. Certes ce n’est pas une preuve, et il se peut que votre père ait à la fois une détérioration modérée et un trouble psychiatrique d’autre nature ; mais je n’y crois pas une seconde. Je crois plutôt que nous sommes face à un malade au stade de démence déjà avancée. J’ai bien lu que vous avez écrit : il était normal, très sensé, croquant la vie ; malheureusement ce sont des malades très intelligents, qui savent admirablement cacher leur trouble, de sorte que le plus probable est qu’en réalité il va mal depuis bien plus longtemps qu’il ne le laissait voir. C’est chaque fois comme ça.

La seule chose que je proposerais, c’est de prendre un avis gériatrique :
- Où en est-il du point de vue cognitif ? Le diagnostic peut-il être remis en cause ?
- Aurait-on le bonheur de trouver que les troubles psychiatriques qu’on observe sont liés en réalité à un problème physique ? Tout peut se voir, depuis les problèmes d’oxygénation cérébrale (cardiaque, pulmonaire), endocriniens, médicamenteux, etc. Je n’y crois guère, mais cela pourrait valoir la peine.
- Quelles sont les limites acceptables du risque neuroleptique ?

Mais si cela n’aboutit pas, il faut bien que je vous fasse part de mon scepticisme sur les chances d’améliorer significativement la situation.

Bien à vous,

M.C.

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