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En réponse à :

Les troubles psychiatriques du sujet âgé

, par Michel

Bonjour, Denise.

Je ne vais vous répondre que des généralités : l’un des problèmes de la démence c’est que les choses y sont toujours nouvelles et singulières, et le pire qu’on pourrait faire serait de prendre une position sur un malade qu’on n’a pas vu.

Parlons d’abord des hallucinations. Elles sont fréquentes dans toutes les démences, un peu comme si le fait de perdre l’accès à la réalité habituelle facilitait l’émergence de troubles de la perception du monde (j’utilise, un peu délibérément, des termes qui feraient sauter au plafond n’importe quel spécialiste). Il vous est sans doute arrivé, un jour de grande fatigue, de trouver à votre environnement habituel quelque chose d’étrange. Chez le dément cela peut aller, cela va souvent jusqu’à des états hallucinatoires. Je passe sur le fait que les hallucinations sont plus fréquentes dans certains types de maladie. Je passerai moins volontiers sur le fait que les hallucinations sont aussi l’un des éléments de la confusion mentale, trouble particulier et réversible du cerveau, de survenue brutale, et qui impose au médecin de faire un minimum de vérifications car il y a souvent une bonne grosse cause organique facile à régler (fièvre, déshydratation, médicament, douleur...). Attention : je ne suis pas en train de remettre en cause le diagnostic de démence. Je dis que la confusion mentale peut se surajouter à la démence (surtout à la démence, car il s’agit de cerveaux fragiles), et que si la survenue d’hallucinations n’est guère surprenante chez de tels malades, il convient de faire par principe quelques vérifications.

Ceci rappelé, il ne faut pas craindre de traiter les hallucinations : elles réagissent souvent très bien à un traitement neuroleptique modéré.

Mais faut-il le faire ? Pour répondre, il faut considérer deux questions ;

1°) : Le malade en souffre-t-il ? C’est souvent le cas, car les hallucinations sont angoissantes. Si le malade souffre, il faut être attentif : j’entends bien qu’il y a des moyens de limiter cette souffrance (C’est un des points sur lesquels Naomi Feil dit des choses intéressantes, même si je ne partage pas tout), mais il faut que ce soit efficace rapidement : pendant ce temps-là le malade trinque.

2°) : En souffrez-vous ? C’est à l’évidence le cas. Et cela il ne faut pas le négliger non plus. Parce que si les choses deviennent trop lourdes à porter, si vous craquez, votre père aura tout perdu.

Il vous faut donc faire le point, essayer de dédramatiser, évaluer la souffrance de votre père, en parler ; mais si à la fin des fins les choses sont trop difficiles, alors vous aurez peut-être à traiter votre père, même s’il vit bien ses hallucinations ; faisant cela c’est vous que vous soignerez, mais il faut tenir...

Bien à vous,

M.C.

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