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En réponse à :

Conduite à tenir devant une anorexie

, par Michel

Bonjour, Marc.

Votre propos risque d’être un peu sibyllin pour les lecteurs de ce site ; je crois donc utile de préciser que le message auquel vous faites référence est celui de Nina, posté le 24 septembre 2017 sur le forum de ce même article.

J’ai envie de vous répondre quatre choses.

La première est que je sais parfaitement qu’il existe des gens dont je comprends le désir de prendre congé de la vie. Il y en a dont l’existence a été une telle succession de drames qu’on aurait honte de leur raconter qu’elle peut être belle et valoir d’être vécue. Je suis agacé par ce dogme stupide qui veut que tout désir de mort soit nécessairement l’indice d’une dépression, alors qu’il suffit de regarder… Autant dire que je comprends parfaitement que certaines personnes désirent légitimement quitter la vie. Je dis seulement qu’ils n’ont pas besoin de moi pour ça.

La seconde est que vous montrez votre désir d’en parler, de dire. Je ne sais pas ce qui vous conduit à cela, mais je suis bien forcé de noter que si vous n’attendiez pus rien vous ne parleriez pas. C’est cela qui me hante, c’est cela que j’aimerais explorer avec vous.

La troisième est que je suis médecin ; et je ne peux remplir mon rôle de médecin que si, tout en tenant le plus grand compte de votre désir de quitter la vie, je m’attache à vous persuader de ne pas le faire. C’est pour cela que j’existe, c’est ma fonction dans la société. Ce que j’en pense est une autre affaire.

La quatrième est que, comme vous dites, vous n’avez pas demandé à vivre. Mais… moi non plus. Pour demander à vivre il faut que la question se pose, et nulle question ne se pose si on n’est pas vivant. Quand vous dites cela vous faites deux choses :
- Vous imaginez, ce qui ne peut se faire, un état où on aurait pu vous posez la question.
- Vous rejetez la responsabilité de votre venue au monde sur ceux qui vous y ont appelé. Mais je ne crois pas que la question puisse se poser en ces termes : je ne peux pas attendre de mon père qu’il me crée la vie que je souhaite. Pour faire court, je peux lui reprocher de ne pas m’avoir fait apprendre le grec. Mais depuis que je suis né les occasions de m’y mettre ne m’ont pas manqué. Je serai plus en difficulté pour expliquer à mes petits-enfants pourquoi je leur lègue le monde tel qu’il est.

Mais je serais heureux de continuer à discuter avec vous.

Bien à vous,

M.C.

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