Nina, peut-on vous répondre ? Ce que je lis là, c’est plutôt de la rage. La vôtre. Pour votre frère, pour vous. Contre votre père, vos enfants, les gens.
On peut vouloir se suicider. On peut aussi vouloir ne plus se lever, ne plus manger, ne plus vivre, mourir. On peut avoir de très bonnes raisons, ou pas de raisons du tout.
Pourtant vous avez attendu jusqu’à présent. Et vous avez essayé d’autres choses, écrire par exemple, mais pourquoi ? Pour survivre.
Survivre, vous n’en avez plus envie. Mais avez-vous essayé de vivre ? Prenez un jour, un seul jour de tous ceux qui pourraient suivre vos 67 ans, et essayez quelque chose que vous n’avez jamais fait encore. Vous n’avez besoin de personne pour apprécier un bain chaud, pour aller au cinéma, aller dans une bibliothèque, et oser discuter avec votre voisin de table.
Bien sûr, rien n’oblige les gens à s’intéresser à vous, comme rien ne vous oblige à vous intéresser à eux. Mais si ça se produit, ce que vous avez réfléchit, écrit, ne demande qu’à se transformer en échanges.
Qu’avez-vous à y perdre ? Découvrir que vous pouvez vivre des aventures toute seule ? Découvrir que la rencontre des autres est une aventure, aléatoire, mais toujours possible malgré tous les obstacles.
B.