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En réponse à :

Le droit au risque chez la personne âgée

, par Dom

notre hôte, en réponse à Annick : "je ne comprends pas : l’ennui est toujours un sentiment, et un malade qui dit qu’il s’ennuie est un malade qui s’ennuie ; tout comme un malade qui dit qu’il a mal est un malade qui a mal."

Peut-être pas si sûr : un enfant qui se met à pleurer avant de tomber, ou alors qu’il s’est (très peu) cogné, en disant "ça fait mal" n’a pas mal, il a peur d’avoir mal. Simplement, il n’a pas encore une maîtrise assez fine de toutes les nuances possibles de son ressenti, et du vocabulaire qui lui permettrait de les exprimer. C’est en ce sens qu’on lui répondra probablement (sauf si on est une mère anxieuse qui se précipitera aux urgences pour demander une radio, et alors on ne parle plus du ressenti de l’enfant, mais bien de celui de la mère) : "Mais non, tu n’as pas mal, puisqu’il ne s’est rien passé" ou encore "Allons, ne pleurniche pas, ne fais pas le bébé, c’est un bobo de rien du tout".

De même, un malade qui dit qu’il s’ennuie, peut-être ne s’ennuie-t-il pas, mais ne trouve pas d’autre mot pour exprimer ce qu’il ressent, qui est peut-être quelque chose de très différent de l’ennui : le sentiment d’être dépassé, de ne plus arriver à lire ou à suivre/comprendre les conversations alentour, la tristesse de voir ses amis disparaître les uns après les autres, la peur de mourir, etc.

Et un malade qui dit qu’il a mal est peut-être comme l’enfant qui redoute d’avoir mal, sans n’être plus capable de faire la différence entre des ressentis voisins et/ou d’avoir encore les mots pour le dire. (Ma mère, par exemple, poussait toujours plaintes et gémissements quand on lui coupait les ongles - je parierais qu’en réalité, elle appréhendait en permanence la douleur qui surviendrait SI la pince dérapait, parce qu’ELLE ne contrôlait plus la pression et l’angle de la pince en se coupant les ongles elle-même, et non qu’elle souffrait vraiment - couper des ongles ne provoque pas de douleur.)

La différence avec un enfant, c’est qu’il n’y a plus de possibilité de faire appel à la raison d’un malade dément, de le convaincre de l’absence de risque, ou à tout le moins d’un risque si modéré qu’il faut apprendre à le supporter, parce que crier et pleurer n’écarte pas le risque et ne diminue pas la douleur quand elle survient pour de vrai.

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