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En réponse à :

Le grabataire en fin de vie

, par Michel

Bonsoir, Elise.

Comme vous dites : la question est simple.

Mais comment vous répondre ?

Je dirais qu’il y a deux possibilités.

La première est que vous ayez affaire à une équipe qui ne réfléchit pas. Si on adopte cette hypothèse, alors la situation que vous décrivez est une caricature d’acharnement thérapeutique.

Mais la seconde est que votre grand-père se trouve dans un service de gériatrie ; si le taux d’imbéciles y est sensiblement le même qu’ailleurs, les gériatres n’ont pas choisi cette discipline par hasard, et ils sont trop confrontés à l’échec pour ne pas être le plus souvent des gens raisonnables.

Le problème est qu’en gériatrie, le pronostic est quelque chose de très difficile ; et je ne compte plus les bonnes surprises que j’aurai eues, à côté des mauvaises, au moins aussi nombreuses. Et naturellement quand on décide que la situation est désespérée et qu’il faut abandonner les traitements, on est rarement démenti par l’évolution ; mais ça ne dit pas ce qui se serait passé si on s’était battu.

Or ce que vous décrivez est tout à fait compatible avec une simple infection urinaire, qui n’a aucune raison de ne pas guérir. Même si le fait que les choses durent depuis déjà plus d’une dizaine de jours est évidemment un facteur péjoratif. Tout comme l’est le fait qu’il ne mange plus (et ce n’est pas avec du sucre et des vitamines qu’on va le nourrir). Par contre l’oxygène n’est pas forcément un traitement disproportionné.

Il faudrait donc en savoir plus. Et là j’ai trois choses :
- Votre ressenti est que les médecins ne parlent pas. Mettons tout de suite une réserve intellectuelle : il m’est arrivé d’encourir ce reproche, alors même que j’ai toujours eu à cœur d’être le plus transparent possible ; mais j’ai connu des familles qui, à la fin d’un entretien parfois long, concluaient : "En somme vous ne pouvez rien nous dire" ; pourtant j’avais beaucoup parlé ; mais la famille attendait des mots que je n’avais tout simplement pas les moyens de prononcer, sauf à prendre des libertés avec l’honnêteté intellectuelle. Mais laissons cela : je connais trop ma corporation pour savoir que la communication n’est pas toujours son fort. Dans une situation comme celle que vous décrivez, il me semble indispensable d’obtenir des temps de communication suffisamment claire : Quelle est la stratégie des médecins ? Qu’espèrent-ils ? Quelles échéances se sont-ils fixées ? Comment envisagent-ils la renutrition ? Qu’ont-ils mis en œuvre pour son confort ? Il vous faut des réponses, il vous faut un rendez-vous ; si cela se passe trop mal, n’hésitez pas à en parler au médecin conciliateur de l’hôpital.
- Que savez-vous de l’opinion de votre grand-père ? Y a-t-il des moyens de savoir ce qu’il ressent, ce qu’il souhaite ? C’est difficile, mais pas nécessairement impossible. Vous pourriez obtenir l’aide d’un psychologue, ou d’une équipe mobile de soins palliatifs. Et c’est indispensable car dans une situation comme celle-ci on ne peut pas éviter de se demander s’il est d’accord avec une stratégie agressive.
- Comment pouvez-vous faire le départ entre ce qui relève de la souffrance du malade et ce qui relève de votre propre souffrance ? Car votre souffrance est là, massive, inévitable ; mais quand il s’agit de décider des traitements, il faut bien que les médecins s’en tiennent à ce qu’ils pensent convenir au malade, et à lui seul. Et c’est très difficile.

Alors, répondre à votre question.

Sur ce que vous décrivez, on n’a pas l’impression que les choses vont durer très longtemps ; on parlerait même plus facilement de jours que de semaines. On a surtout l’impression que la situation ne va certainement pas rester stable, et que s’il n’y a pas une amélioration très rapide il faudra reconsidérer la stratégie. Mais encore une fois je n’y suis pas.

Voilà ; je ne suis pas sûr de vous avoir beaucoup aidée. Peut-être, si vous acceptez de me tenir au courant...

Bien à vous,

M.C.

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