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En réponse à :

L’agonie

, par Michel

Bonjour, Laetitia.

Je vais essayer de vous répondre ; mais… êtes-vous en état de m’entendre ? Il suffit de regarder, même pas de le lire, votre message, pour voir la souffrance, la détresse, le désarroi qui vous emportent en ce moment. La première chose à faire serait de vous apaiser, ce qui n’est pas facile.

Si je comprends bien il s’agit d’un homme jeune, atteint depuis quinze ans d’une leucémie chronique (je ne sais pas laquelle) qui s’est transformée en leucémie aiguë voici quelques semaines. C’est malheureusement une évolution classique, et le pronostic est souvent inquiétant ; je crois comprendre d’ailleurs que les hématologues ont décidé de ne pas insister. Si je vous suis bien il est maintenant dans une unité de soins palliatifs, ce qui laisse penser que la prise en charge des symptômes sera bien faite. D’ailleurs ces leucémies posent assez rarement des problèmes de confort importants.

Ces points posés, il y a quatre choses que je voudrais souligner.
- La première est que dans l’état où vous êtes tous il vous faudrait un soutien. Il doit y avoir sur place un psychologue, qu’il vous faudrait rencontrer : car l’assistance que je peux vous apporter dans cette situation que je n’ai pas vue et dont je ne sais rien sera forcément très limitée.
- La seconde, c’est que nous ne savons rien de ce que le malade pense. C’est un lourd handicap pour se faire une idée de ce qui convient.
- La troisième est l’attitude ambivalente de votre père qui, comme vous l’écrivez, à la fois sait que son frère va mourir mais continue de faire des projets. Il y a ici une règle quasi absolue qui est de ne pas s’en mêler : les gens qui sont dans l’ambivalence ont besoin de cette ambivalence pour supporter la situation. Ne pas s’en mêler signifie qu’à cette dame qui dans la même phrase me disait qu’elle ne verrait pas la chute des feuilles et que l’année suivante elle voulait aller à Venise, la réponse n’était ni : « À votre place je ne ferais pas trop de projets », ni « Et qu’est-ce que vous irez voir à Venise ? », mais « Moi aussi j’aimerais que vous puissiez aller à Venise l’an prochain ».
- La quatrième est celle de votre position personnelle. Il me semble, mais je vous réponds là sans trop réfléchir, que cela doit faire l’objet d’une discussion en famille. Ce qui peut vous aider c’est de mettre un peu d’ordre dans tout ça, et de décider ensemble ce qui est utile et ce qui ne l’est pas, ce qui est efficace et ce qui ne l’est pas. Par exemple la question de la nuit peut être un problème, mais pas forcément, et il vous faut distinguer ce qui relève de votre désir, bien compréhensible de tout faire pour votre oncle et de vous donner entièrement, et ce qui relève de ses besoins objectifs. Ce que vous lui devez c’est d’abord l’efficacité : l’organe en somme qui permet d’aimer véritablement n’est pas le cœur mais la tête.

Mais j’ai confiance dans votre capacité à reprendre pied.

Bien à vous,

M.C.

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