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En réponse à :

L’escarre : une maladie générale

, par Michel

Bonjour, Leilou, et merci de votre message.

Vous posez très bien le problème de l’escarre et des enseignements qu’elle implique. Beaucoup de notions couramment enseignées ne relèvent ni du savoir théorique, ni du savoir empirique, mais de l’idée préconçue, quand ce n’est pas de la pensée magique.

On m’a toujours dit (notamment des infirmiers ayant un DE en plaies et cicatrisation et des médecins) que la fibrine en excès empêchait une cicatrisation efficace et que sous la croûte, on ne sait jamais ce qui s’y cache si on ne nettoie pas (pus...). Le plus difficile c’est bien entendu de trouver un équilibre entre la détersion et le bourgeonnement de la plaie.

C’est vrai. Le problème est que nous plongeons immédiatement dans la pensée magique : la fibrine en excès gêne la cicatrisation, c’est probablement exact ; mais personne ne sait dire quand la fibrine devient en excès. Quant à la croûte, c’est plus facile : de quoi parle-t-on ? de plaque de nécrose sèche ? Si vous y posez simplement la pince, vous allez vite voir s’il y a une collection dessous ; sinon, soit on prend patience, soit on utilise ce produit très décrié qu’est l’Elase, et dont je répète que ses indications, même si elles sont confidentielles, existent. Et puis, parfois, on détergera à la main. ce qui m’inquiète plus c’est d’entendre parler de "croûte" ; s’il y a une croûte, s’agit-il d’une escarre ?

Ma question est : les désinfectants ne sont ils pas un frein au bourgeonnement ? N’ont ils pas pour conséquence d’en plus affecter la flore naturelle de "décaper" le bourgeonnement ?

Totu à fait exact. C’est toujours une erreur de désinfecter une escarre : soit elle n’est pas infectée et il ne faut pas y toucher, soit elle l’est et il faut d’autres moyens.

J’ai parfois également vu des infirmières appliquer de la crème type Conveen dans une escarre profonde indemne d’infection. Mais dans tous les cas (infection ou pas), est-ce que cela ne risque pas de créer un bouchon dont le taux d’humidité et les germes qu’il renferme risquent de favoriser une infection ?

Je ne crois pas. Par contre vous avez raison de vous demander si l’idée qui préside à ce geste (combler la plaie pour... pour quoi faire au juste ?) est fondée scientifiquement ou si elle obéit à des principes de pensée magique.

On ne sait pas après tout quels germes nous collons à la plaie puisque nous n’utilisons pas de gants stériles dans ce type de plaie et que le risque 0 n’existe pas malgré pinces et compresses stériles.

Oh, le plus probable est que nous ne véhiculons que des germes saprophytes ; mais vous avez raison de souligner que si nos gestes ne sont pas utiles ils doivent être évités. D’ailleurs il y a un principe éthique fondamental : pour que je sois autorisé à toucher le corps de l’autre, il me faut une raison.

Bien à vous,

M.C.

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