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En réponse à :

L’escarre : une maladie générale

, par Michel

Bonjour, Michèle.

Il y a déjà une réponse simple : l’escarre s’est refermée, et c’est tout ce qui compte. Et cela prouve que les soins n’ont pas été inadaptés.

Je vais donc vous parler uniquement d’un point de vue théorique.

Les infirmiers nettoient la plaie, coupent les peaux et placent une mèche, ce qui la fait saigner et est douloureux. L’argument est que, sans cela, l’infection peut reprendre.

Effectivement, ce sont des soins douloureux.

La douleur liée aux soins est un problème connu, sur lequel nous avons l’obligation d’agir. Il faut donc nous demander ce qui est fait pour éviter cette douleur ; ces douleurs appellent volontiers la morphine, et si votre mère n’est pas calmée de cette douleur il faut que ce soit à cause d’une contre-indication évidente.

Mais il faut aussi se demander si ces soins sont nécessaires ; et vous décrivez deux sortes de soins : le découpage des peaux mortes et le méchage.

Jusque voici une trentaine d’années on disait que les dépôts de fibrine gênaient la cicatrisation et qu’il fallait les ôter ; je n’en entends plus parler. On disait aussi que les parties nécrosées risquaient de s’infecter. Mais de cela également on ne parle plus. Personnellement je n’y procède plus depuis longtemps.

C’est que les conceptions relatives aux infections ont changé du tout au tout.

Redisons-le : ce sont les bactéries qui nettoient l’escarre. Sans elles, la cicatrisation est beaucoup plus difficile. C’est pourquoi il est toujours plus nuisible qu’utile de désinfecter une escarre. C’est aussi le mécanisme par lequel les hydrocolloïdes agissent : ils créent une atmosphère humide et chaude qui favorise la prolifération microbienne (raison pour laquelle, quand on les enlève, l’odeur est souvent un peu forte).

Et l’infection ?

L’infection, c’est ce qui se passe quand le processus normal de colonisation bactérienne a été perturbé (notamment par des soins intempestifs) ; dans ce cas on voit :
- Une escarre qui devient rouge, inflammatoire, douloureuse.
- Souvent de la fièvre.
- Et au prélèvement bactériologique une colonisation, non pas par une association de germes peu agressifs mais pas une flore où dominent une ou deux bactéries.
Le traitement de ces infections est toujours un antibiotique par voie générale, car il y a toujours des bactéries qui passent dans la circulation sanguine (ce qui ne fait pas pour autant une septicémie, heureusement).

Quand on laisse l’escarre se débrouiller avec ses microbes, elle le fait très bien. Et les bactéries assurent elles-mêmes la détersion de la plaie, ce qui fait que les découpages et autres agressions mécaniques deviennent exceptionnels. Du coup on résout le problème de la douleur liée aux soins en supprimant les soins inutiles. A une condition absolue : être patient. On ne gagne rien, et notamment pas du temps, à vouloir accélérer la guérison de l’escarre. Il faut choisir une stratégie, la moins agressive possible, et s’y tenir, et s’y tenir longtemps ; on ne juge pas de l’efficacité d’un pansement en regardant ce qui se passe quand on l’a enlevé : on juge au bout de deux, trois semaines.

Après il y a le méchage. Là, je suis un peu surpris, car je ne vois pas comment on mèche un hydrocolloïde qui, par définition, doit être étanche. On mèchera une plaie extrêmement suintante, mais si elle est très suintante il faut utiliser autre chose qu’un hydrocolloïde ; et il faut se demander pourquoi elle suinte (et ce peut être une infection de l’escarre, auquel cas il faut, comme je l’ai dit, un prélèvement bactériologique et une antibiothérapie orale). Ou alors ce n’est pas une escarre, ce qui est fort possible.

Enfin, il ne faut pas changer un hydrocolloïde tous les jours. On le change quand il est saturé, et s’il faut le changer tous les jours c’est qu’il faut changer de produit. Mais pour la même raison on ne le change pas tous les deux jours : on attend qu’il sature, ce qui fait qu’il n’y a pas, qu’il ne peut pas y avoir de périodicité : un soin d’escarre fait régulièrement est un soin qui serait plus efficace s’il était fait en stricte fonction de l’état de la plaie. Ce qui n’est pas simple en libéral où les infirmiers ont autre chose à faire que passer chez les gens pour juste voir s’il est temps de faire le pansement.

Mais encore une fois tout ce que je vous dis là est théorique, puisque la plaie est refermée !

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