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En réponse à :

 ???

, par Michel

Bonsoir.

Je vais tâcher de vous répondre rapidement, ce qui est dangereux car votre mail mériterait réflexion.

On ne connaît donc qu’une métastase pulmonaire ; mais vous avez raison de penser que le cancer est généralisé ou en voie de l’être, car quand il y a des métastases pulmonaires on en reste rarement là. Par contre les résultats d’analyse ne sont pas catastrophiques, et surtout ils ne permettent en aucun cas de parler de métastases hépatiques ou rénales (ce qui ne les empêche pas d’être tout à fait possibles). L’élévation des leucocytes peut traduire l’infection de la chambre implantable (mais pas seulement : elle est fréquente aussi dans le cortège des troubles biologiques liés au cancer) ; quant aux phosphatases alcalines elles ne sont pas suffisamment spécifiques pour qu’on puisse les attribuer à telle ou telle cause.

La dénutrition, si elle est isolée, explique mal les troubles du comportement. Pour cette raison il me semble impératif de garder en tête l’hypothèse qu’il pourrait s’agir d’une réaction psychologique de protection face à une perspective trop pénible à affronter. Et je serais inquiet de vous voir assumer une mise au point à votre père :
- Vous ne pouvez pas sans danger contredire le médecin.
- Vous risquez de déstabiliser la stratégie défensive de votre père.
- Vous avez toute chance de devoir gérer une réaction négative du malade.

Vous avez raison de penser que votre père a le droit de savoir ce qui se passe, mais je ne crois pas que cela puisse se faire sans une concertation avec l’équipe soignante, et sans le secours d’un psychologue.

Quant aux autres questions :
- La voie jugulaire risque de ne pas tenir plus de trois semaines. Et de toute manière il est illusoire de vouloir renutrir par ce moyen un malade atteint de cancer.
- Vous pourrez espérer une rémission si on peut mettre en place une chimiothérapie suffisamment agressive.
- Je suis moi aussi sceptique sur l’idée d’une chimiothérapie de confort dans un cancer de la vessie. Cela ne signifie nullement que dans un autre cancer elle n’ait pas sa place. Et vous demandez très justement quel est le rapport bénéfice/risque d’une telle entreprise. C’est toujours délicat à dire, et je veux redire ici que la question de l’acharnement thérapeutique est une des plus difficiles qui soient : si les médecins font de l’acharnement thérapeutique, ce n’est pas parce qu’ils sont idiots mais parce qu’il arrive que ça marche. Et ce qu’il faut décider c’est si on va courir cette chance ou si on dit que la probabilité infime d’une amélioration est négligeable face à la quasi-certitude de l’inconfort.
- Il faudrait avoir la certitude que votre père a besoin de transfusions. Si on suppose que c’est le cas, il faut savoir que votre sang sera ni plus ni moins efficace qu’un autre. Et que l’effet d’une transfusion serait de toute manière très fugace, raison pour laquelle en général on n’en fait pas. Mais je suppose que dans votre proposition il n’y a pas que l’aspect biologique qui soit à considérer : vous y parlez aussi de votre désarroi.

Surtout ne paniquez pas. Et je sais bien que c’est difficile.

Bien à vous,

M.C.

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