Bonjour, Françoise.
La réponse à votre question ne va pas de soi. Il me semble qu’elle est régie par deux principes.
Le premier est que la situation dure depuis déjà longtemps : vous parlez d’hydrocéphalie, sans doute à pression normale, mais votre récit ne permet pas de dire si le diagnostic a été évoqué depuis un an, ou si c’est une hypothèse récente. C’est important, car à ce stade on ne peut pas savoir si la chose est prouvée ou si on est encore en recherche. Si on arrive à démontrer qu’il s’agit bien de cela, alors il y a des choses assez simples à faire pour améliorer l’état du patient ; on peut en faire d’autres, plus compliquées mais pas forcément hors de portée, pour donner une solution définitive. Le problème est que votre mari a perdu la marche depuis un an et qu’il n’est pas du tout certain qu’il puisse la retrouver.
Le second est qu’il mange peu, depuis plusieurs semaines, ce qui fait beaucoup mais pas tant que cela, et que s’il mange peu il mange encore : 700 calories par jour, ce n’est pas assez mais ce n’est pas rien. On dit, je dis, que les besoins nutritionnels de la personne âgée ne sont pas très différents de ceux de l’adulte plus jeune. Pour cette raison je ne suis tranquille qu’avec 1 800 à 2 000 calories par jour. Mais je sais aussi bien qu’un autre qu’il y a des gens qui vivent très bien avec infiniment moins, d’ailleurs je ne suis pas sûr d’être moi-même au-dessus de 1 500. La seule manière d’y voir clair est de faire le point de la situation en étudiant les marqueurs biologiques de dénutrition, ce qui est très simple.
D’autre part si vous êtes à 700 calories il peut y avoir un intérêt à proposer des compléments alimentaires. D’une manière générale je trouve que ces compléments n’ont pas beaucoup d’intérêt, mais dans ce cas particulier ils pourraient permettre d’atteindre 1 000 calories, ce qui ne serait pas si mal.
En ce qui concerne le diabète, je ne m’en inquiéterais pas outre mesure : s’il faut choisir entre le risque du diabète et celui de la dénutrition, je n’hésiterais pas une seconde et je lutterais contre la dénutrition, même s’il faut ajouter des sucres ; il sera facile de vérifier que les glycémies ne montent pas exagérément.
Les médecins devraient-ils s’inquiéter ? Il faudrait déjà pouvoir affirmer qu’ils ne s’inquiètent pas… Mais, surtout, que feraient-ils ? Il serait sans doute très inconsidéré de proposer une alimentation artificielle ; il n’est utile de s’inquiéter que quand on a quelque chose à proposer.
Quant au transit intestinal, il n’y a rien à en dire. Les relations entre la quantité d’aliments ingérés et la fréquence ou le volume des selles sont très variables, et on a souvent des surprises. Mais de toute manière il n’y a aucun inconvénient à n’avoir que deux selles par semaine, je ne m’en occuperais donc tout simplement pas.
Mais je sais bien que votre question essentielle porte sur l’avenir. Malheureusement sur ce point rien ne peut être dit, notamment parce que nous ne savons pas ce qu’il en est de l’état nutritionnel. S’il n’y a pas de dénutrition importante, alors le pronostic vital n’est pas engagé du tout. Par contre il serait très imprudent de penser que la longévité d’une personne donnée dépend avant tout de facteurs génétiques ; du coup le fait que ses parents ont vécu très vieux ne permet absolument pas de dire quoi que ce soit.
Bien à vous,
M.C.