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En réponse à :

La communication avec le dément

, par Michel

Vous posez une question qui met tout le monde en difficulté. Et en ce qui me concerne je n’ai jamais trouvé de solution satisfaisante.

Il faut déjà poser le problème de principe, le problème, disons éthique : ce n’est pas parce que la personne est démente qu’il faut se croire autorisé à lui cacher la réalité. Je trouve qu’on va un peu vite quand on dit : « dans l’état où il est ça n’a plus d’importance ». Si, cela en a une, et on le voit tout particulièrement quand on a affaire aux choses essentielles de la vie et de la mort, où il est facile de constater que le dément n’est plus du tout dément. Mais d’un autre côté s’il est éthiquement inacceptable de sous-estimer la gravité d’un mensonge à un dément, il n’est pas davantage éthiquement acceptable de donner au dément des informations dont on sait très bien qu’il n’a pas les moyens de les traiter. En d’autres termes quand on parle à un dément on doit respecter la vérité au plus près, sauf quand il est évident que le malade n’est pas en état de l’entendre.

Plus généralement nous avons à nous demander quelle relation nous voulons avec le malade. Il n’est ni efficace ni réaliste de lutter pour le ramener le plus possible à l’état dans lequel il était avant d’être malade ; et cela peut induire des souffrances importantes. C’est pourquoi on suggère de le prendre comme il est ici et maintenant, en considérant qu’il ne faut pas chercher à retrouver la personne qu’elle avait été dans le passé. Le problème est que, disant cela, on fait l’impasse sur le fait que si nous allons voir notre parent, c’est tout de même bien en raison du passé.

La question est donc de savoir quelle sera la stratégie la plus aidante pour votre mère. Et pour cela il y a quelques questions à se poser :
- Y a-t-il un moyen simple de corriger ses erreurs ?
- Que pouvons-nous attendre de cette correction ?
- Mais si nous ne corrigeons pas, cela ne risque-t-il pas d’aggraver la désorientation ?
- Mais au fait, qui est gêné par cette désorientation ?
- Et si cette désorientation disait quelque chose qu’il faudrait entendre ?

Ce qui par contre est à peu près certain c’est que ces recadrages n’ont aucun effet rééducatif.

Personnellement j’interviens le moins possible. Je ne cherche pas à ramener le malade à la réalité, sauf quand la situation l’exige absolument (c’est le cas par exemple quand la situation risque d’être inintelligible pour le patient lui-même), et je me borne à être le plus neutre possible, c’est-à-dire à éviter tout propos qui pourrait m’amener à devoir prendre position sur l’exactitude des propos tenus par le malade. Mais c’est toujours affaire de cas particuliers.

Bien à vous,

M.C.

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