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En réponse à :

accusée de maltraitance en institution médical

, par Michel

Bonjour.

Ce que vous vivez là est particulièrement douloureux. Essayons d’en analyser les composantes.

La première chose dont il faut se débarrasser est de ce que vous risquez concrètement. En théorie, pas grand-chose. Il faudrait, pour que vous encouriez des sanctions disciplinaires ou pénales qu’on démontre plusieurs choses :
- Que ce dont vous êtes accusée est réel.
- Que la patiente jouit en permanence de toutes ses facultés.
- Qu’aucun autre soignant n’a eu de difficultés avec elle.
- Que ce n’est pas votre première incartade.

Si ces points ne peuvent être affirmés, alors je vois mal comment une juridiction pourrait vous condamner. Évidemment cela dépend assez largement des relations que vous entretenez avec vos collègues.

Ensuite il faut essayer de comprendre ce qui a pu se passer.

Le plus simple est de se demander ce qu’elle a pu vivre. Soit qu’elle se soit trouvée dans un demi-sommeil, soit qu’elle ait une détérioration intellectuelle (il ne suffit pas de dire qu’ « elle n’est pas démente ») ou un état délirant. Ou encore elle peut s’être mise à vous en vouloir pour une raison ou pour une autre et c’est de propos délibéré qu’elle ment. Si c’est dans ces directions qu’il faut chercher, alors il serait douteux que vous soyez seule à avoir eu de tels problèmes avec elle. Notons immédiatement que cela ne résoudrait qu’une partie de votre difficulté, car il resterait à vivre ce que je sais, pour l’avoir vécu, représenter un drame : être accusé d’être un mauvais soignant, alors même qu’on a conscience d’avoir donné le meilleur de soi-même.

On peut aussi travailler sur ce qu’elle dit : je l’aurai trainé par les pieds pour l’emmener à la salle bain. C’est bien peu vraisemblable, à moins que, durant le transport à la salle de bains, il ne vous soit arrivé effectivement de la prendre par les pieds, comme chacun de nous peut le faire si c’est plus commode pour prendre un virage ; mais le quiproquo vient de ce qu’elle était alors dans la chaise roulante ; il est donc faux de dire que vous l’auriez « traînée ». je lui aurai arraché des lambeaux de peau aux jambes. Si c’est vrai, alors il y a des plaies que chacun peut constater. que je lui aurai crié dessus. Cela peut se produire, mais cela s’entend. Et si tout cela s’est produit, alors votre collègue a sûrement remarqué quelque chose quand vous êtes rentrées dans la chambre.

Il se peut que vous ayez été brusque dans vos gestes. C’est une des raisons pour lesquelles je n’aime pas le mot de maltraitance. Car il faut distinguer la maltraitance ordinaire, parfois délibérée, voire sadique, qu’on peut constater ici où là, et qui relèvent du Code Pénal, et les maltraitances inopinées ou involontaires, qui procèdent de l’épuisement, de l’inadvertance ou du manque de formation. Ces maltraitances nous menacent tous, j’en ai eu ma part, et il y a des comportements auxquels rétrospectivement je ne pense pas sans un sentiment de honte. Pour lutter contre la maltraitance il faut commencer par ne pas se maltraiter soi-même, et pour cela il faut être en paix y compris avec sa propre maltraitance, et avoir pitié de soi.

Mais il y a encore un autre point.

Supposons que tout ce que cette dame rapporte soit faux. Il reste à comprendre pourquoi elle le dit, et pourquoi elle le dit de vous. J’ai le très pénible souvenir de cette excellente soignante, que j’aimais beaucoup, et qui à deux reprises avait été accusée de maltraitance. Je n’ai jamais accordé de crédit à ces accusations, mais il m’a bien fallu lui en parler, et essayer de l’inciter à se poser la question. Cela s’est très mal passé. Vous indiquez que vous avez des problèmes auditifs ; cela peut suffire ; il peut y avoir d’autres comportements, une gestuelle, un positionnement à revoir, tout cela je le veux bien.

Ce qui est fondamental en tout cas c’est de ne pas rester seule dans cette affaire. Par sécurité il faut consulter les syndicats, bien sûr, mais il faut avant tout vous rapprocher de vos collègues, et partager ce souci avec elles ; non seulement pour recueillir des indices qui vous montreront que votre cas n’est pas isolé, mais aussi simplement parce que vous êtes une équipe, et que les équipes servent aussi à ça.

Bien à vous,

M.C.

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