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En réponse à :

La tutelle des personnes âgées

, par Michel

Bonjour, Sophie.

Le problème est de savoir louvoyer, d’être souple, voire hypocrite.

Ça arrange la tutrice de vous laisser faire le travail ? Soit. Du coup vous avez une marge de manœuvre. Ce n’est pas si loin de ce que vous vouliez, cela vous permet d’avoir des relations convenables avec elle, en cas de difficulté c’est sa responsabilité qui est engagée, tout va bien. Et vous pourrez même, dans la procédure d’appel, faire valoir que dans la pratique c’est déjà vous qui faites le job. Donc, pas de vagues.

Ces conflits familiaux sont d’autant plus terribles et difficiles à résoudre qu’ils n’ont pas de fondement, en dehors bien sûr de la souffrance. Du coup quand le temps fait son œuvre il reste à se confronter à la culpabilité d’un conflit insensé. Trois choses à ce sujet.
- L’ouvrage de référence en la matière est Astérix en Corse, où vous trouverez de surcroît la plus belle définition du burn out que je connaisse.
- Une autre référence, tout aussi insolite, certes, mais que j’aime beaucoup, se trouve dans un vieux film, ni bon ni mauvais, qui s’appelle L’homme au chapeau rond. C’est la dernière réplique de Raimu au cinéma : On peut faire des choses terribles quand on est terriblement malheureux.
- Je vous fais remarquer que dans le chagrin d’amour la période la plus redoutable est probablement la fin : quand on en vient à se demander si, tout de même, on n’en avait pas fait un peu trop. Le deuil du deuil est le plus difficile qui soit, et tant qu’à étaler ma culture, je vous renvoie sur ce point au Vingt-deux septembre de Brassens (on a les Tolstoï qu’on peut ; mais rassurez-vous : j’en ai aussi chez Tolstoï).

D’où la nécessité d’agir vis-à-vis de votre frère avec fermeté et délicatesse.
- Certainement pas en parler à la tutrice : ce n’est pas son affaire, et elle n’y pourrait pas plus que vous.
- Maintenir, même pour rien, des relations avec la soignante harcelée : elle en a besoin, et cela peut constituer une arme contre votre frère : si on rêvait, on se dirait que la coordinatrice du service de soins à domicile pourrait taper du poing sur la table, car le harcèlement est un délit pénal.
- Faire l’état des lieux de votre famille : vous avez peut-être des alliés. On pourrait alors imaginer une sorte de conseil de famille, même informel, où vous pourriez faire le point de la situation, échanger latéralement, dire certaines choses… Je sais. Mais ne dites pas trop vite que c’est impossible : on a parfois des surprises, et il se peut que, précisément, votre famille ait besoin d’une retrouvaille.
- Ne pas oublier qu’il s’agit de souffrance, et qu’il y a des thérapeutes. Oui, je rêve encore plus. Mais là aussi…
- Vous souvenir que vous êtes une femme, et que votre frère est un homme. Il y a des sots pour qui, malheureusement, ça compte, et qui ne savent pas exprimer leur culpabilité autrement que par la colère. Et par ce qu’on appelle en psychanalyse le déplacement, cette manoeuvre par laquelle on dérive sa colère sur quelqu’un qui n’en peut mais (voyez là encore la scène finale de La femme du boulanger ; si, si, je vous assure, ça fait du bien).
- Savoir en tout cas qu’il y aura un après. Et que donc il faut des portes de sortie.
- Mais certainement pas porter plainte contre votre frère. D’abord parce que ça ne marchera jamais, ensuite parce que vous avez tous besoin d’autre chose.

Sur l’inventaire, je vous recommande simplement d’avoir un oeil qui traîne : il n’y a pas de trésors méconnus dans les familles ; mais tout de même j’ai récupéré trois à quatre mille euros...

Bien à vous,

M.C.

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