Poster un message

Bonjour.

En effet, je crains que vous ne soyez un peu démunie.

Il faut considérer plusieurs points, que je vais énumérer sans forcément d’ordre logique.

Le premier, c’est la situation familiale. Comme vous le notez c’est vous qui avez fait la demande de mise sous tutelle, mais c’est votre sœur qui s’occupait d’elle. Rien que cela permet effectivement de supposer que les relations entre les enfants ne sont pas parfaites. Et cela explique la décision du juge : la loi prévoit en effet qu’en cas de demande de tutelle il doit rechercher avant tout un tuteur dans la famille. Mais il y a des cas où il peut décider qu’il n’y a pas dans la famille de tuteur plausible ; c’est le cas quand tous les enfants sont éloignés, c’est le cas bien sûr quand il s’agit de protéger la personne contre sa propre famille ; mais c’est aussi le cas quand le juge pense que l’entente familiale est problématique. Notez que cela se plaide ; mais outre que le succès est loin d’être garanti, il reste à se demander si, à supposer que vous obteniez la tutelle, ce serait une bonne chose pour vous : l’avantage du tuteur extérieur c’est qu’il vous protège contre les revendications de votre fratrie.

Le second, c’est l’entrée en maison de retraite. La loi précise que, même sous tutelle, c’est la personne qui décide de son lieu de résidence. C’est évidemment une superbe hypocrisie :
 Parce que la principale raison pour laquelle on met les gens sous tutelle, c’est qu’ils sont dans un état où ils sont bien incapables de décider de leur lieu de résidence.
 Parce que la personne est libre de décider où elle veut habiter, mais c’est le tuteur qui fait les chèques pour le loyer.
Il n’empêche que ce point peut être mis en avant.

Par ailleurs, et même si la tutelle a été confiée à un intervenant extérieur, il n’est pas conforme à l’esprit de la loi d’évincer totalement la famille de ce genre de décision ; que le tuteur ait le dernier mot, je le comprends ; qu’il ne vous consulte pas, c’est autre chose.

Le troisième est la situation dans la maison de retraite. Il y a de tout dans les maisons de retraite, des bons établissements et des mauvais. Mais il faut rappeler qu’en moyenne ils ont fait d’énormes efforts, et qu’ils font ce qu’ils peuvent. Il se peut qu’il y ait des négligences ; il se peut aussi que l’établissement n’ait pas les moyens de faire mieux ; il se peut aussi que dans cette période où votre mère vient d’arriver ils aient décidé, et ce serait alors une excellente chose, de la laisser faire pour voir quelles sont réellement ses capacités ; bref il faut voir cela en détail ; et (allez, je prends le risque) la dernière chose à faire est de commencer par un scandale : il faut d’abord établir une relation de confiance, discuter du projet de vie, poser des questions, bref prendre son temps. S’il y a des manquements sérieux et répétés, alors et alors seulement on agit, il y a pour cela des procédures ; mais nous pourrons en parler.

De même, une maison de retraite où il n’y a pas de chutes est une maison où on ne prend pas de risques ; c’est donc un établissement où on ne permet pas à la personne de travailler sur son autonomie ; c’est un mauvais établissement. Un bon établissement prend le risque de la chute, et il a donc des accidents.

Quant à revenir sur l’entrée en établissement pour prendre votre mère chez vous, je suis assez pessimiste : si le juge a choisi de prendre un tuteur extérieur, c’est bien parce qu’il a estimé qu’aucun des enfants n’était en position de prendre la direction des opérations ; du coup je ne vois pas comment il pourrait décider, sauf avis unanime de toute la fratrie, de vous donner gain de cause. Mais si vous voulez tenter quelque chose, il me semble que c’est d’abord avec le tuteur que vous devez discuter.

Bien à vous,

M.C.