Bonjour, Jacqueline.
Sur le papier, c’est très simple. Vous avez des arguments pour dire que votre mère n’est plus en état de gérer ses biens, et qu’il y a lieu de la protéger, y compris de ses proches. Vous pouvez donc saisir le Juge des tutelles, qui pourra prendre une mesure, éventuellement simple sauvegarde de justice, qui permet au besoin de revenir sur des dépenses ou des dons notoirement inadéquats. c’est d’autant plus facile qu’il s’agit là des biens de votre mère, que la gestion de ces biens est aussi régie par le droit des successions, et que vous n’aurez sans doute pas trop de mal à montrer que les règles relatives notamment aux donations n’ont pas été respectées. Un notaire ou un avocat vous en dira plus.
Dans la vraie vie, c’est une autre paire de manches. Je passe sur le fait que prouver les choses ne sera peut-être pas si simple. Ce qui me semble le plus important, c’est la tornade que vous risquez de déclencher : il y aura tout de même quelques tensions avec votre sœur indélicate, ce n’est pas le plus grave. Le plus difficile sera d’assumer la réaction de votre mère, non seulement parce qu’elle n’a aucune envie de voir limiter sa liberté mais parce que s’il y a un conflit elle sera au centre. Attention au pavé de l’ours. Je ne suis pas près d’oublier cet homme que j’ai sauvé de l’emprise d’un couple qui le dépouillait d’une manière parfaitement ignoble. Tout a été réglé à la perfection, le couple a fini en prison mais... mon patient est mort : le femme de ce couple était son amour de jeunesse.
Cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien faire. Mais il faut réfléchir, et vous concerter avec le reste de votre famille. Et prendre des avis juridiques. Intuitivement je dirais que ce qui est fait est fait, que ce qui est perdu est perdu, mais que vous pouvez prendre le biais des problèmes de succession pour siffler la fin de la récréation.
Par ailleurs si les choses se passent comme vous le dites il est surtout urgent de faire passer un bilan cognitif à votre mère : si elle est très atteinte, il y a probablement des mesures de sécurité à prendre.
Bien à vous,
M.C.