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En réponse à :

La confusion mentale

, par Michel

Bonjour, Jérôme.

Je ne peux pas vous répondre, car il y a trop d’hypothèses. Et malheureusement la seule chose qui soit certaine c’est que cette histoire dure depuis un mois : il est toujours très inquiétant de voir une confusion mentale durer : il y a dans ce cas des mécanismes qui se mettent en place et qui tendent à la chroniciser. Mais qu’y faire, puisque nous n’avons pas de piste sérieuse ?

Au fait, vous parlez de confusion. C’est plausible, mais pas certain, d’ailleurs vous ne décrivez pas vraiment la situation : nous savons seulement qu’il existe :
- Des hallucinations très précises : ce sont des personnes qu’il pourrait nommer.
- Un autre phénomène, peut-être plus étrange : cette impression qu’il y a chez lui des gens importuns, qu’il ne voit probablement pas mais dont il perçoit la présence. J’insiste sur ce point : en psychiatrie les mots ont un sens ; dans ce second cas il ne voit pas ces personnes, il a la conviction qu’elles sont là, ce qui est différent.
- Un sentiment diffus d’étrangeté, qui correspond à ce qu’on nomme la dépersonnalisation ; cela peut rentrer dans le cadre d’une confusion, mais c’est un symptôme trop banal et trop peu spécifique pour nous orienter.

Nous ne sommes donc pas tellement avancés.

Tout bien sûr va dépendre de la cause. Mais vous avez lu l’article auquel ce forum est associé ; je ne vais donc pas reprendre tout le raisonnement.

L’imagerie et la biologie sont normales. Redisons-le : l’imagerie n’a d’intérêt que pour éliminer certaines causes (tumeurs, accidents vasculaires cérébraux…) ; elle n’est d’aucun secours pour dépister l’essentiel des maladies à évoquer.

J’espère bien qu’on a pris le temps de vérifier que tout cela ne provient pas d’un médicament nouvellement introduit.

On a parlé de dépression. C’est une excellente piste, mais j’aurais deux réserves.
- La première est que dans cette phase aiguë il est bien difficile de dire s’il est dans cet état parce qu’il déprime ou s’il déprime parce qu’il est dans cet état.
- La seconde est que s’il s’agit vraiment d’une dépression le traitement n’en est pas un anxiolytique mais un antidépresseur.

Il faut évoquer d’autres troubles, psychiatriques. La liste est longue. Mais j’insiste sur ce point : il ne faut pas négliger cette situation. La confusion mentale doit être traitée, il est toujours très dommageable qu’elle dure. Et la gérontopsychiatrie est une discipline très retorse, qui demande des compétences pointues. Je ne vais certainement pas me mettre à douter de ce que fait l’équipe médicale, mais je voudrais être sûr que tous les moyens diagnostiques ont été mis en œuvre, et tous les spécialistes requis convoqués. Dieu sait que ce n’est pas toujours facile.

Reste l’hypothèse d’une démence.

Je sais : vous avez dit que le début a été brutal. Mais la méfiance est de règle : en particulier ce qui a été brutal c’est que le trouble se voie ; mais vous ne savez pas si bien que cela depuis combien de temps votre père présente des troubles auxquels il ne prêtait pas attention, ou dont il ne voulait pas parler. Vous avez pris soin de noter : Il peut toujours avoir des conversations très précises sur beaucoup de sujets (géopolitique, histoire, sciences, actualité...), ce qui suffit à me faire flairer que vous vous êtes posé la question. L’inconvénient, c’est que dans la démence les pertes ne sont pas homogènes, et qu’il peut exister de très larges plages de fonctionnement intellectuel normal ; c’est bien là l’une des principales raisons pour lesquelles le diagnostic est si longtemps méconnu. Ne pas oublier par ailleurs l’extrême fréquence des confusions mentales chez le dément.

Il me tarde donc d’apprendre que vous avez fait un tour d’horizon absolument complet.

Dans l’attente, que pouvez-vous faire ?

La question que vous posez est bonne, mais… la réponse dépend de l’idée qu’on se fait du trouble. Disons pour faire bref que j’aurais tendance à penser qu’il faut le ramener systématiquement à la réalité. Tout le problème est de savoir comment. Il ne faut jamais être frontal, car c’est contre-productif : vous finiriez par être inclus dans le processus plus ou moins délirant qu’on pressent. La règle en présence d’un malade qui délire est de botter en touche : il faut tout faire pour ne pas prendre position sur le fond. Mais s’agissant d’un processus plutôt hallucinatoire vous pouvez vous efforcer de lui mettre sous les yeux des repères qui lui permettraient de garder ou de reprendre le contact avec la réalité. C’est limité, mais il vaut mieux ne pas le laisser s’enfermer dans son monde.

Mais le résultat final dépendra, bien sûr, du diagnostic qui sera fait. Le pire serait qu’on ne trouve rien de probant. Malheureusement ce n’est pas rare.

Bien à vous,

M.C.

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