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En réponse à :

Une aidante qui aspire à de l’aide

, par Michel

Bonjour, Britta.

Je vois trois commentaires essentiels.

Le premier est celui de l’incontinence. Je crois qu’on méconnaît combien l’incontinence est source de souffrance, non seulement en elle-même, mais par l’humiliation qu’elle représente (c’est d’un cœur bien léger qu’on n’examine pas les conséquences des incontinences, pour ne rien dire des sondes, sur la sexualité des personnes âgées), et par le retentissement sur la socialité. Et le tableau que vous me peignez est tout à fait classique : cette souffrance doit être entendue. Par vous ? C’est une autre affaire. D’abord parce que c’est difficile et qu’il y a des spécialistes ; ensuite parce que vous êtes la fille, et que les troubles de la continence ne sont évidemment pas sans faire résonner des souvenirs archaïques que vous aurez du mal à maîtriser.

Cette situation doit aussi être évaluée (même si, sur une incontinence vieille de dix ans, il convient de ne pas trop rêver) : dans ce que vous écrivez il n’y a pas d’élément permettant de comprendre l’origine de cette incontinence, et donc de savoir si elle est au-delà de toute ressource. En particulier les infections urinaires sont plus souvent des causes d’incontinence que des conséquences. Bref je me demande si tout ce qui pouvait être fait en matière de traitement l’a été :
- Quelles sont les causes ?
- A-t-on fait une rééducation ?
- Comment sont gérées les infections urinaires ?
- Comment est gérée la constipation, grande pourvoyeuse de troubles de la continence ?
- Quels sont ses traitements ?

Ce que vous dites sur le Furadantin n’est pas exact. Ce n’est pas un antibiotique puissant, c’est un antibactérien tout-venant, assez bas de gamme, et que j’ai pour ma part beaucoup aimé parce qu’il est tout de même bien assez efficace et qu’il dispense d’utiliser des antibiotiques plus puissants ; je vous dis cela parce que, contrairement à ce que vous pensez, du point de vue infectiologique la situation de votre mère est la situation ordinaire.

Le second commentaire concerne la situation intellectuelle de votre mère. Je ne m’y attarderai pas, car je n’ai aucun élément pour en juger. Mais il y a trois pistes à considérer :
- Il s’agit d’un état dépressif, à aborder comme tel.
- il s’agit d’une situation de régression psychomotrice ; la différence avec le point précédent est que ces problèmes sont délicats et mal connus, et que c’est là que le gérontopsychiatre est indispensable.
- Contrairement à ce que vous pensez, un examen neuropsychologique attentif montrerait qu’il existe des signes de détérioration pouvant conduire à un diagnostic de trouble de type Alzheimer. N’oublions pas qu’on évalue à 35% le nombre de personnes de 85 ans qui sont dans une telle situation.

Le troisième commentaire est qu’en aucune manière vous n’êtes tenue de vous sacrifier pour votre mère. Votre devoir n’est pas de vous occuper d’elle mais de veiller à ce qu’elle ne manque de rien, ce qui n’implique nullement que vous vous en chargiez personnellement.

Je comprends bien que vous vous sentez poussée, voire obligée de lui donner le meilleur de vous-même ; il y va de votre relation avec elle, de votre opinion de vous-même, etc. mais en aucun cas cela ne peut, ne doit aller jusqu’au sacrifice.

D’autre part il faut se demander pourquoi votre mère refuse les aides :
- Elle ne veut pas introduire un tiers parce qu’elle pressent que ce tiers risque de voir plus facilement que vous que, précisément, elle est plus que vous ne pensez en difficulté intellectuelle. C’est très classique.
- Elle ne veut pas parce que c’est tout de même plus agréable de vous avoir à disposition.
- Elle ne veut pas parce qu’elle ne se rend pas compte du travail qu’elle vous donne.
- Elle ne veut pas parce qu’à sa place je ne voudrais pas non plus.

Bref, vous êtes dans une situation qui ne peut pas durer. Et il est nécessaire de vous protéger : qu’aura gagné votre mère quand vous vous serez effondrée ? Ce qu’il vous faut considérer c’est que l’exigence de votre mère de n’avoir affaire qu’à vous n’est pas réaliste. Il vous faut donc prendre la main et faire acte d’autorité. Je sais que ce n’est pas simple. Mais votre devoir est un devoir d’efficacité.

Évidemment ce que je ne peux pas savoir c’est de quelles possibilités d’aide vous disposez, je crois comprendre que vous n’habitez pas en France. Mais cela n’enlève rien à l’impérieuse nécessité de vous protéger ; et de ne pas vous laisser impressionner par la culpabilité que cela implique nécessairement.

BIen à vous,

M.C.

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