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En réponse à :

La personne âgée opposante

, par Michel

Bonsoir, Jacqueline.

Il n’y a pas de solution à votre problème. Tout ce que vous pouvez espérer, ce sont de belles paroles.

La loi est d’ailleurs fort claire : la personne âgée choisit son lieu de résidence, et il est strictement interdit de la mettre en maison de retraite contre sa volonté. Même quand elle est sous tutelle, elle garde cette liberté absolue.

Sauf que ça n’a aucun sens. Et des situations comme la vôtre il y en a des milliers. Ce sont toutes ces vieilles personnes qui veulent absolument rester chez elles, et qui le peuvent parfaitement, à la seule condition que les pompiers viennent les ramasser quatre fois par jour.

Parmi ces vieilles personnes qui s’accrochent ainsi à un projet irréaliste, il y a de tout. Force est d’admettre que pour une bonne part il s’agit de patients dont les fonctions cérébrales fléchissent sérieusement. Mais il y a d’autres situations, bien compréhensibles, d’ailleurs : l’incapacité à faire le deuil d’une maison à laquelle tout nous rattache (et corrélativement le crainte de la maison de retraite) ; cela peut s’inscrire dans le cadre d’une dépression, mais il faudrait aussi parler de toute cette psychopathologie du sujet âgé qui tourne autour de la régression psychomotrice, avec des attitudes d’enfantillage souvent très agaçantes. Etc. Cela ne nous avance guère.

Et puis il y a certaines situations plus compliquées : c’est le cas de ces personnes qui sont effectivement à risque, mais pas tant que ça, et qui peuvent légitimement exercer le droit de se mettre en danger. Il ne faut pas protéger les vieilles personnes de tout. Vers la fin la situation de mes parents était un peu limite. Mais nous avions décidé que j’étais à deux heures de route et que si la maison explosait il n’y avait pas de voisins.

Mais ici je me demande si les choses ne pourraient pas être envisagées différemment. Je veux dire qu’un bon moyen d’accepter la maison de retraite est précisément de jurer ses grands dieux qu’on ne veut pas y rester, qu’on y a été mis de force contre toute raison, et que tout ça est la faute de la belle-fille ou du petit-neveu. On a ainsi le beurre et l’argent du beurre : le bénéfice de la maison de retraite et le coupable de tout ; c’est somme toute assez confortable.

L’idée de tenter un retour à domicile destiné à ouvrir les yeux de votre tante est séduisante, et je l’ai tenté plus d’une fois. Les résultats sont décevants, et se répartissent en trois catégories :
- Ceux qui ne voient pas le problème et qu’il faut réinstitutionnaliser de force.
- Ceux qui conviennent que ça ne peut effectivement pas marcher, et qui retournent en maison de retraite convaincus qu’en effet c’était le bon choix. En moyenne cette heureuse issue dure une semaine, après quoi on peut recommencer.
- Ceux qui, placés devant l’évidence, s’y soumettent effectivement. Mais ils ont perdu la fiction à laquelle ils s’accrochaient, et qui leur permettait de supporter la situation. Ils meurent souvent très vite.

J’ai donc fini par y renoncer.

Franchement, je ne ferais rien du tout.

Mais je dis ça… je n’ai pas vu votre tante.

Bien à vous,

M.C.

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