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En réponse à :

Un enfant en état végétatif chronique

, par Michel

Bonsoir, Julie.

Je voudrais être sûr d’avoir bien compris votre question.

Vous avez rencontré une aide-soignante qui pratique un soin de bouche sans gant. Pourquoi procède-t-elle ainsi ? Est-ce par négligence ? Il ne semble pas ; c’est plutôt chez elle un geste délibéré.

Parmi les explications qu’on pourrait donner il y a l’idée que le contact de peau à peau a un intérêt relationnel, voire thérapeutique. C’est l’une des idées de la "méthode Gineste-Marescotti" que d’insister sur ce point ; il est naturellement hors de question d’en faire une norme de soins, mais pour avoir moi aussi suivi une formation à la toilette et procédé à des toilettes (on n’imagine pas tout ce que le médecin peut apprendre sur son patient quand il le fait) je suis totalement converti à l’idée de faire une toilette à mains nues. Pas sur tout le corps, évidemment ; mais partout où c’est adéquat.

Mais il faudrait alors se demander à quoi votre collègue peut bien penser : si c’est pour cette raison qu’elle ne met pas de gant, elle tombe totalement à côté, car elle travaille avec une compresse roulée, ce qui rend futile sa stratégie de travail sans gant. Ou plutôt cela illustre ce qui se passe quand le soignant pense davantage à ce qu’il ressent lui-même plutôt qu’à ce que le malade ressent.

Ensuite, il se peut qu’elle ait d’autres raisons, mais je ne vois pas lesquelles.

Le fait de travailler sans gant fait-il courir un risque au malade ? Dans une bouche, certainement pas : la bouche est un milieu septique, et ce ne sont pas les germes que la soignante lui apporterait qui auraient la moindre importance.

Mais cela fait-il courir un risque au soignant ? Le seul que j’imagine serait le risque résultant d’une morsure de la part d’une malade porteuse d’un germe agressif, par exemple VIH. Encore faut-il beaucoup d’imagination : pour que le risque soit notable il faudrait imaginer qu’à l’occasion de cette morsure le sang du malade vienne contaminer celui du soignant, ce qui n’est pas facile (la salive ne contient pas de VIH). Par ailleurs si cette malade est en état végétatif chronique depuis dix ans, il y a quelque chance pour qu’on sache ce qu’il en est. Dans ces conditions la parole qu’elle vous a dite : "Normalement bien sûr tu portes des gants pour réaliser ce soin, moi c’est différent je la connais" n’a tout simplement aucun sens.

Donc le fait de travailler sans gants dans la bouche d’un malade ne présente aucun risque ; cela ne présente aucun intérêt non plus.

Quant à savoir si les malades en état végétatif chronique peuvent être considérés comme en soins palliatifs, je serais tenté de vous répondre que oui : bien sûr ils ne sont pas nécessairement en fin de vie. Mais les problèmes qu’ils posent sont très similaires ; d’autre part on ne peut nier que notre action à leur endroit est purement palliative...

Bien à vous,

M.C.

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