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En réponse à :

Les soignants et la famille

, par Dom

Bonjour Laurence

Je serais vous, je n’accorderais pas trop d’importance à ce que je vous raconte de mon expérience : votre mère est différente de la mienne, et moi je ne suis pas vous. Par exemple, moi je n’ai jamais eu avec ma mère une relation tendre et fusionnelle, ce n’était pas "ma petite maman adorée" et je n’étais pas "sa petite chérie unique". Mais nous avons eu, tout au long de notre vie, une confiance aveugle et inconditionnelle l’une envers l’autre, ma mère a toujours été là quand j’avais besoin d’elle, et quand je fais mon examen de conscience, je crois que je n’ai pas démérité non plus - la "sauver" de la démence était juste au-delà de mon pouvoir. Cela m’a fait d’autant plus mal quand ma mère, dans les derniers temps de sa conscience, m’accusait des pires turpitudes, comme de "m’être quand même précipitée drôlement vite chez le notaire" après le décès de mon père - au nom du Ciel ! (Mais quel peut bien être encore le sens du délai administratif de six mois pour remplir une déclaration de succession quand on est en train de perdre pied avec la réalité et qu’on n’est plus capable d’écrire son nom ?)

Maintenant, chacun vous donnera son avis sur "ce qui est le mieux", sauf que personne n’est à votre place et qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise solution pour faire face à la situation qui est la vôtre : elles sont toutes forcément mauvaises, parce que la démence est une abomination diabolique. Vous devez donc vous faire confiance, à vous et à vous-même, vous n’avez d’ailleurs pas trop le choix. Faites ce que vous croyez le plus juste possible - mais tout est dans le "possible", hélas, notre hôte l’explique fort bien, à longueur de pages, dont je ne saluerai jamais assez la lucidité et l’humilité. (Personnellement, ce qui m’a le plus coûté, cela a été de mentir à ma mère sur son état, car c’était aux antipodes de l’exigence d’ "honnêteté", parfois assez âpre et même houleuse, qui avaient toujours caractérisé notre relation).

A cet égard, bien que n’ayant moi-même ni frère ni sœur, je me permets un commentaire sur vos "difficultés" avec votre fratrie : vous n’êtes pas avec eux dans un concours à "celui/celle qui est/sera le/la plus gentil/le avec votre mère". Je conçois que vous trouviez quelque réconfort paradoxal à penser que vous souffrez plus parce que vous êtes plus sensible, moins froide qu’eux, mais d’abord vous ne savez sans doute pas précisément ce qu’ils ressentent, justement parce que vous êtes différents, et ensuite ça ne vous mène nulle part : le sujet, ici, ce n’est ni vous, ni votre fratrie, mais votre mère. La seule chose importante, au fond, c’est que vous ayez à cœur de "faire au mieux pour elle" - selon vos standards. Ce ne sont que les vôtres, mais ce sont les vôtres, et dans la mesure où vous vous êtes de facto d’avantage engagée qu’eux dans la prise en charge de votre mère, ne perdez pas votre temps à regretter de n’être pas soutenue : si vous étiez son seul enfant, comme c’est mon cas, la question ne se poserait pas ! Comme vous le conseille notre hôte, pensez simplement à vous protéger de leurs reproches ultérieurs éventuels - ce sera leur façon de vivre leur deuil.

Vous réussirez, Laurence. On n’imagine pas tout ce à quoi on peut survivre. L’année qui vient sera sans doute difficile pour vous, mais je souhaite tout de même qu’elle vous apporte assez de menues joies pour que vous teniez bon tant qu’il faudra.

Cordialement

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