En l’absence de chances d’amélioration, si le malade n’est en rien conscient, il ne souffre pas ni ne manifeste son refus. C’est la question de la décision médecin/tuteur/famille.
Juridiquement la décision de confier le malade à tel ou tel médecin est celle du tuteur, et le médecin n’a pas son mot à dire. La décision des soins est celle du médecin, qui prend l’avis de la famille et du tuteur, en accordant plus d’importance à ce dernier.
En pratique le médecin s’efforce d’obtenir un consensus. Ici il n’y est pas parvenu ; on ne lui a pas retiré el malade et pour les soins il a tranché.
Mais si le malade n’est en rien conscient, il n’y a pas de décision à prendre, sauf raison économique.
Si le malade est sensible à son environnement mais que l’on ne sait rien d’un refus de sa part, est-ce la même question ?
Oui, car on a encore moins d’argument pour dire qu’il y a quelque chose à décider.
Si le malade est sensible à son environnement et semble exprimer son refus, le risque est de mal interpréter celui-ci.
Et ce risque est inhérent à tout agir de tout médecin. C’est seulement (et c’est bien le sens de la loi) plus terrible.
Impossible de trancher, ni pour un gain, ni pour un risque qui serait à éviter plus que d’autres.
Sauf que la notion de souffrance impose de trancher. Le médecin le fait, aux risques et périls de sa conscience, et en respectant les règles prescrites par la loi.
Si l’on veut en cohérence avec le droit, écarter les risques de meurtre et de souffrance, on sédate, ce qui conduit à la solution absurde de sédater pour le reste de la vie du malade.
C’était la seule solution, en effet. Restait à en assumer l’absurdité.
En l’absence de certitude, soit l’on dit que la solution de sédater est au moins cohérente avec le droit, soit la solution n’est pas là mais en une décision prise en l’absence de réaction du malade : médecin/tuteur/famille.
S’il n’y a aucune certitude, la sagesse est de ne rien faire du tout. Mais si les soignants n’avaient pas eu de certitude, ils ne se seraient jamais fourrés dans ce guêpier. Ils l’ont fait, et ils ont pris leur décision, non sans avoir consulté pour avis la famille et le tuteur. Je ne fais là rien d’autre que réciter la loi.
Bien à vous,
M.C.