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En réponse à :

La toilette

, par Michel

Bonjour, Martine.

Non, pas facile. Les positions qu’on peut adopter sont toujours fragiles, relatives, et passablement dérisoires. Je vous en donnerais trois :
1°) : La liberté d’une vieille personne est un absolu. A condition du moins qu’on soit assuré que ses capacités intellectuelles sont suffisamment préservées pour qu’elle puisse exercer cette liberté ; sinon on est dans l’escroquerie. Mais une fois qu’on a rappelé ce principe, il faut lui en ajouter un autre : si j’estime que le sujet a les moyens intellectuels d’exercer sa liberté, je dois estimer tout autant qu’il a les moyens d’assumer les conséquences de ce qu’il décide. Et si c’est librement qu’il ne veut pas se laver (franchement, j’en doute), alors c’est librement qu’il accepte la conséquence, qui est que sa vie sociale n’est pas possible dans l’EHPAD. Et il se fait mettre à la porte.
2°) : S’il n’est pas en état d’exercer sa liberté, il faut se demander si on peut y remédier. Pour aller scandaleusement vite (car je n’ai jamais vu votre père) il se comporte ainsi parce qu’il déprime ; ou qu’il est dément ; ou les deux. Il n’est donc pas envisageable de proposer, encore moins de décider, quoi que ce soit tant que le point n’est pas fait.
3°) : Si le résultat de tout cela est que, décidément non, votre père n’est pas en état d’exercer sa liberté et que, décidément non, il n’est pas possible de le mettre à la porte, il reste à lui imposer les toilettes. Cela suppose qu’on soit au clair vis-à-vis de la maltraitance. Je crois que je l’ai déjà dit, mais il faut considérer que le terme de maltraitance est particulièrement complexe à utiliser, tout simplement parce que sa signification change selon qu’on se place du point de vue de celui qui subit ou du point de vue de celui qui impose. Pour celui qui subit, le terme de maltraitance est un concept relativement univoque. Mais celui qui l’impose voit parfaitement la différence entre :
- La contrainte, ensemble de nécessités plus ou moins déplaisantes mais qu’il faut bien accepter : l’entrée en EHPAD est une contrainte.
- La violence, qui peut être indispensable quand le respect d’une contrainte doit être imposée : la contention est toujours une violence, y compris quand elle est manifestement nécessaire.
- La maltraitance : qui rassemble des pratiques relevant évidemment du Code Pénal.

Ici les questions qui se posent sont donc :
- Qu’est-ce qui est indispensable ?
- Votre père peut-il y souscrire ?
- Si non, quelle est la quantité de violence nécessaire ?
- Comment être violent sans être maltraitant ?

Mais ne ne sont là que les questions. Quant aux réponses...

Bien à vous,

M.C.

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