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En réponse à :

Les pauses respiratoires

, par Michel

Bonsoir, et merci de votre message.

J’ai toujours la même inquiétude : vous me demandez un avis sur une situation que je n’ai pas vue, et rien n’est plus trompeur ; vous me demandez un avis parce que les professionnels qui sont sur place et qui voient votre belle-mère ne vous donnent pas des réponses qui vous apaisent. Mais comment le pourrais-je ?

Gardez ceci à l’esprit.

Cela dit, ce que vous me racontez, c’est l’histoire d’une dame qui a un cancer du pancréas, c’est-à-dire un cancer de très mauvais pronostic. Elle est en hospitalisation à domicile, et ce n’est pas (cela pourrait être le cas) pour une chimiothérapie ; j’en déduis qu’on n’en est plus aux traitements à visée curative, et qu’elle n’est pas non plus en état de vivre de manière autonome. Si mes hypothèses sont bonnes, alors il se pourrait que nous soyons dans une situation de fin de vie.

Son état se dégrade, et rapidement. C’est effectivement ce qui arrive assez souvent dans les cancers du pancréas. Autant dire que quand vous demandez : Tous ces signes nous annoncent-ils une fin proche ?, la réponse la plus probable est oui : mon intuition (mais ce n’est qu’une intuition) est que nous parlons en jours.

Il n’y a qu’un seul point de discussion : vous parlez de troubles de la conscience, et de troubles respiratoires. Il n’y a rien de plus banal dans ces évolutions terminales des cancers, et singulièrement du pancréas. Mais il nous faut bien évoquer une autre hypothèse, qui est celle de la morphine. La morphine en effet a des propriétés sédatives, et elle peut aussi donner un ralentissement respiratoire. Que faut-il en retenir ?
- Que ces troubles se produisent surtout en début de traitement, ou quand on augmente les doses.
- Qu’ils ne sont pas dangereux, sauf si, n’en tenant aucun compte, on se mettait à augmenter massivement les doses.
- Que d’ailleurs ils s’estompent en quelques jours.

Pourquoi vous dire cela ? Parce que la seule bonne surprise que vous pourriez avoir serait de vous trouver en présence, non de l’évolution ultime de la maladie, mais d’un effet indésirable transitoire de la morphine. Franchement je n’y crois guère, mais cela se peut.

Pour autant, cela ne change pas ce que vous avez à faire avec la morphine :
- Quand on prévoit des bolus on les règle pour que les doses supplémentaires n’atteignent pas, précisément, le seuil toxique.
- Le cancer du pancréas fait mal, et l’obligation éthique est claire : dans le doute on traite la douleur. La pire position serait de ne pas le faire.

Il en faut rien faire de plus : les questions que vous vous posez suffisent à montrer que vous gérer très bien la situation. Et votre patiente n’a plus besoin de rien : elle est dans un demi-coma, elle sent probablement votre présence, mais pas au point de pouvoir analyser son environnement. Les pauses respiratoires que vous notez n’ont aucune importance, ni en termes de confort ni en termes de conséquences vitales. Il n’y a donc pas de cause de souffrance. La seule chose qui pourrait la déranger serait la douleur, raison pour laquelle je vous engage à ne rien changer à ce que vous faites. Tout va bien se passer.

Bien à vous,

M.C.

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