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En réponse à :

L’agonie

, par Michel

Bonsoir,Julien.

Je dois le dire et le redire : je n’ai pas vu la situation. Je ne pourrai donc parler qu’en général.

Ce qui semble certain, c’est que l’équipe soignante considère que votre grand-mère est au bout de sa route, et qu’il convient de cesser tous les soins qui pourraient prolonger son existence. Le plus probable est que c’est là une sage décision.

Le pace-maker n’est pas en cause : Certes il peut donner des impulsions électriques au cœur, mais cela n’empêche pas le cœur de s’affaiblir, et quand il ne pourra plus se contracter on aura beau lui envoyer toutes les impulsions qu’on voudra. Tout ce qu’on peut dire c’est que le pace-maker va éviter un arrêt cardiaque par trouble du rythme, car c’est pour cela qu’on l’a posé. Mais que faire ? L’enlever ? Ce n’est guère envisageable, et le plus raisonnable est de garder en tête qu’en fait sa présence ne change pas grand-chose.

Se pose la question de la douleur. Elle n’est pas toujours simple à aborder. Tout ce que je dirais c’est que dans la situation que vous décrivez il est légitime de prendre tous les moyens nécessaires, même s’ils comportent un risque, pour que la douleur soit calmée : on peut avoir des réticences quand on pense que le malade a une possibilité d’amélioration que la morphine pourrait compromettre, mais ce n’est pas le cas ici. Si la douleur n’est pas suffisamment calmée, je proposerais bien d’en revenir à la morphine injectable : l’avantage des patchs est de délivrer la morphine de manière très régulière et très sûre. La rançon est que, précisément, si la douleur n’est pas bien maîtrisée, les adaptations ne peuvent se faire que lentement, ou alors en ajoutant d’autres produits, ce qui est toujours acrobatique. Reste à savoir comment la malade supporte la morphine injectable, et cela je ne peux pas le savoir.

La tension artérielle est influencée par de nombreux facteurs. Elle peut baisser beaucoup (si on prenait la vôtre ou la mienne en continu, on aurait des surprises) et remonter sans crier gare ; ce qui par contre demeure c’est que la tension de votre grand-mère est basse, mais l’alitement y est pour beaucoup.

Combien de temps ? Peu de temps, je crois.

Enfin, votre dernier mot : c’est insupportable de voir sa grand-mère souffrir de cette manière. Je le connais bien, ce mot. Et comment ne pas vous comprendre ? Mais je répondrais en deux points :
- Sur ce que vous décrivez, il n’y a pas de raison pour que les souffrances de votre grand-mère soient hors de nos possibilités d’action. Il faut donc être assuré qu’elle reçoit tous les traitements dont elle a besoin. Comment le savoir ? Nous avons un indice : une équipe qui accepte de mettre des patchs de 75 µg à une dame de 88 ans est une équipe qui n’a pas peur de la morphine ; cela permet de penser qu’elle sait manier le produit et qu’elle sait gérer une douleur.
- La souffrance est contagieuse. Et (mais je l’ai écrit de multiples fois sur les forums de ce site) l’une des choses les plus difficiles à faire pour les proches des malades en fin de vie est de discerner, dans leur ressenti, ce qui relève d’une évaluation précise de la souffrance du malade d’une part, ce qui est leur propre souffrance dans une situation qui est, de toute manière, une épreuve terrifiante d’autre part. Mais cette opération de discernement, nous le savons bien, est à la fois indispensable et infaisable.

J’espère de tout cœur que j’ai raison. Je préférerais de beaucoup être sur place pour pouvoir parler plus juste.

Bien à vous,

M.C.

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