Poster un message

En réponse à :

mon père, mon papa....

, par Michel

Bonsoir, Hélène.

Vous avez raison : il faut vous renseigner davantage. Car même si j’ai une idée sur ce qui se passe, je n’ai aucune envie d’imiter ces gens qui avaient le culot de faire de la psychologie par téléphone lors d’émissions de radio (et certains avaient beau être des noms illustres, ce n’est pas à leur honneur). J’attends donc des précisions, notamment sur les traitements en cours.

Par contre il faut que je vous parle de votre colère.

Car vous avez raison de faire le lien entre colère et détresse ; la colère vous est un moyen de mieux gérer votre détresse, cette colère est une aide. On peut en dire ce qu’on dit de la culpabilité, qui n’est au fond rien d’autre qu’une colère envers soi. IL vous faut donc à la fois l’accueillir et ne pas en être dupe. Ce n’est pas facile.

D’autant que, par ailleurs, votre colère a quelques justifications : je ne suis pas sûr que toutes les décisions de soins soient totalement réalistes. Il en va ainsi par exemple des contentions : le malade qui arrache ses perfusions nous dit quelque chose, sauf si on peut affirmer qu’il présente un trouble psychiatrique (et encore). On peut décider une contention, mais cela suppose qu’on sache dire exactement où l’on va, et ce qu’on attend des soins qui imposent cette contention.

Pour les escarres les personnels soignants nous ont dit qu’elles ne guériront plus celle du dos est rongé jusqu’aux os, ils nous ont dit lui avoir enlevé la peau sur les fesses une peau qui partait seule et sans douleur car morte...

Tout peut se voir. Mais je n’ai jamais vu une escarre stade IV se refermer chez un patient de 90 ans qui ne mange pas et ne se lève pas.

Le problème de votre sœur ne peut être éludé. Il serait très difficile de passer outre sa volonté, et aucune décision ne pourra être prise si elle n’évolue pas dans sa conception. Il vous faut donc cheminer avec elle et parvenir à un accord, quitte à prendre le conseil d’une psychologue de l’hôpital. Il est très possible d’ailleurs que vous ayez raison et que le médecin agisse à contrecœur en se disant que votre sœur n’est pas en état de supporter une décision de limitation de soins.

Mais quand vous proposez que le médecin prenne seul la décision, vous ouvrez une question très difficile.

Car je vous accorde volontiers que ce serait le plus simple, le plus doux, le plus humain presque : je pense moi aussi que c’est torturer les familles que leur demander de décider ces choses-là.

Mais je pense aussi que le combat a été rude pour obtenir des médecins, précisément, qu’ils cessent de décider seuls. Et je ne suis pas sûr qu’on puisse attendre d’eux que d’un côté ils renoncent à un pouvoir qu’ils avaient usurpé et que de l’autre ils le retrouvent quand...

Il n’y a donc pas d’autre issue, je le crains, que de payer le prix de ce retour à la normale : le médecin ne décide plus seul, et c’est bien mieux ainsi ; mais cela a des inconvénients. A chacun de faire au mieux, et ce n’est pas du tout facile.

Bien à vous,

M.C.

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.