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En réponse à :

La souffrance en fin de vie

, par Michel

Bonjour, Radia.

Votre pensée est dans un grand désordre, mais vous avez tous les éléments, et vous avez tout compris.

Le pronostic du cancer du pancréas est très mauvais, et c’est un de ceux pour lesquels nous ne progressons pas. Qui plus est la description que vous faites est celle d’un cancer qui s’est révélé tardivement, avec sans doute des métastases pulmonaires et une chimiothérapie qui ne donne pas de résultat positif.

Le désordre de votre pensée vient de votre détresse, mais il ne vous empêche pas de faire face. Je dirais même que, vous protégeant contre une vision trop claire, il vous aide probablement. Vous vous reprochez implicitement, par exemple, de ne pas aborder avec votre mère la question de la mort. Mais vous n’avez aucune raison de l’aborder pour vous : vous avez compris ce qui va se passer. Et vous n’avez aucune raison de l’aborder pour elle ; mieux, vous n’en avez pas le droit. Votre mère, sauf si on lui a menti (et encore !) a parfaitement compris ce qui se passe : pourquoi veut-on que les seuls malades qui ne pensent pas au cancer soient ceux qui en ont un ? Si donc elle veut aborder la question de sa guérison, ou celle au contraire de sa mort, elle a les éléments nécessaires. Et autant on peut prendre des initiatives pour annoncer un diagnostic, autant il n’est pas permis, sauf exceptions rarissimes, d’annoncer un pronostic de mort, non par lâcheté, non par sollicitude mais par impossibilité, voyez sur ce point la fin de http://michel.cavey-lemoine.net/spip.php?article11 ; il faut attendre qu’elle en parle elle-même.

Quel pronostic peut-on fixer ?

Sur les éléments que vous donnez, deux mois sont réalistes. Mais il se peut que, comme vous le redoutez, les choses aillent plus vite : ce cancer est évolué, vous êtes effectivement à la merci de complications rapides, parfois brutales, qui pourraient raccourcir l’évolution. À l’inverse il arrive qu’on ait des répits.

C’est pourquoi en ce qui me concerne j’ai renoncé à fixer des échéances chiffrées ; non seulement parce qu’elles sont trop souvent démenties, mais encore parce que ce n’est pas le problème. La question n’est pas de savoir combien de temps il reste mais celle de savoir ce qu’on va faire du temps qui reste. Je sais : l’un ne va guère sans l’autre ; mais il faut faire cette distinction. Et j’aurais probablement dit non pas : je lui donne deux mois (étrange expression, n’est-ce pas ? Que puis-je bien avoir à donner ?), mais : si je la revois à la Toussaint, je serai heureux. C’est la même chose et cela change tout.

Je reste à votre écoute.

M.C.

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