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En réponse à :

Un an après

, par Dom

Bonjour Cyrianne

" (...) Mais il y a la coupure qui approche et on ne veut surtout pas la louper.... "

Cyrianne, vous n’allez pas du tout aimer l’histoire que je vais vous raconter.

Quand le moment est venu pour moi d’organiser les funérailles de mon père, je suis tombée sur un "conseiller funéraire" super empathique. Il était tellement ému en me parlant de sa femme qui était morte dans un accident de voiture en le laissant seule avec sa petite fille... C’est avec la voix étranglée et en écrasant une larme qu’il m’a vendu des soins de conservation, "pour que vos enfants gardent une belle image de leur grand-père, comme ma petite fille a pu conserver une belle image de sa mère". Et allons-y donc pour x centaines d’euros pour les soins de conservation, par égard pour ma mère, et malgré mon extrême agacement devant un pipotage aussi éhonté. (Pour la petite histoire, le (gros) chèque que je lui ai fait pour les obsèques de mon père a sans doute été envoyé à la banque avant même que nous ayons franchi la porte, de telle sorte que même avec un virement le jour même, je me suis retrouvée en dépassement - c’est la première fois de ma vie que ça m’arrivait... )

Ensuite, on a enterré mon père, c’est-à-dire que la famille s’est retrouvée au cimetière le temps qu’on descende son cercueil dans la fosse, et puis tout le monde est parti. J’ai alors demandé que la fosse soit comblée en ma présence, mais on m’a expliqué que ça ne se faisait plus, que c’était trop dur (sic) pour les familles. Sur mon insistance, l’ordonnateur des pompes funèbres a finalement fait signe aux deux trois gars qui battaient la semelle un peu plus loin, et ils s’y sont mis : après quelques sacs de terre, l’un d’entre eux a sauté dans le trou pour tasser le tout, jetant au passage son mégot dans le tas. J’ai cru que mon fils cadet, très éprouvé par la perte de son grand-père bien-aimé, allait se jeter sur lui pour lui arracher les yeux. Moi, paradoxalement, ce geste m’a "remise en selle" : enfin, on sortait de la fauxculterie, enfin on se comportait normalement, enfin, on ne faisait plus semblant que le monde se soit arrêté avec la mort de mon père, enfin la vie continuait.

Car : je connais, pour la vivre et l’avoir vécue, la douleur de voir venir la fin d’un de ses proches. Mais jamais je ne reprocherai à ceux qui les accompagnent en ces moments de continuer à vivre, avec leurs petits soucis et leurs petites préoccupations, au contraire - je préfère ça mille fois à la sollicitude factice d’une compassion de circonstance, pour ne pas dire intéressée. De plus, regardez et écoutez bien, au-delà de votre chagrin, et au-delà des procès d’intention : vous serez étonnée des vrais gestes de gentillesse et d’attention gratuite de la part de ces soignant(e)s qui ont, ils et elles aussi, leurs difficultés, leurs drames personnels et leur fatigue.

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