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Bonsoir, Querry.

Je comprends votre déception mais... je crois que vous avez tort.

Car que voulez-vous faire en urgence ?

Vous voyez arriver un malade que vous ne connaissez pas, dans un état que vous ne connaissez pas, et la seule chose dont vous êtes sûr c’est que vous n’avez pas le temps de réfléchir ; parce que tout ce que vous aurez si vous réfléchissez c’est que pendant ce temps-là le malade va mourir.

Aucune des conditions n’est donc présente pour appliquer la loi. On ne peut pas inverser les problèmes : les évolutions législatives (comme si on avait besoin d’une loi pour ça) essaient de prendre en compte le fait qu’un malade peut décider de ne pas être soigné. Mais pour celui qui n’a rien décidé du tout, que voulez-vous faire ? Il faut bien considérer que, jusqu’à preuve du contraire, s’il n’a rien dit c’est qu’il veut être soigné. Il serait aussi criminel de ne pas soigner quelqu’un qui veut l’être que de soigner quelqu’un qui ne veut pas.

On peut se tirer d’affaire quand on dispose de directives anticipées. Mais vous voyez immédiatement la difficulté : les directives anticipées peuvent être contraignantes, mais à condition d’être suffisamment précises, car si elles ne le sont pas, elles seront source de doute et d’hésitations légitimes. Je ne sais pas si vous avez essayé de rédiger les vôtres ; je l’ai fait pour ma part, mais je n’ai pas du tout cherché à écrire des choses précises : pour écrire des choses précises il m’aurait fallu avoir une idée de ce qui m’attend ; je me suis donc borné à donner des lignes générales, en considérant que si le médecin qui les lira a deux neurones il comprendra parfaitement ce qu’il doit faire, et que s’il n’a pas deux neurones il fera de toute manière n’importe quoi. Les directives anticipées telles qu’on les imagine sont une lubie. Je ne peux en imaginer que de deux types : celles qu’on rédige à froid, comme je l’ai fait, mais qui ne peuvent être ni précises ni opposables, et celles qu’on rédige face à une menace identifiée, qui peuvent être opposables mais dont le champ est infiniment plus restreint.

Cela signifie tout simplement que ces choses-là ne sont pas du ressort de la loi.

Bien à vous,

M.C.