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En réponse à :

La perfusion sous-cutanée de G5%

, par Michel

Bonjour, Alexandre.

Vous vous interrogez, et il y a de quoi.

Je crois qu’en réalité le choix du soluté n’a pas une grande importance. Au début de ma pratique hospitalière je perfusais du glucosé ; en réfléchissant je me suis mis à la solution la plus simple qui est la perfusion de chlorure de sodium.

Mais en fait je crois qu’il n’y a guère de différence : ce qu’on veut c’est apporter de l’eau, et ce qu’on met dedans est sans importance. Du moins en gériatrie, et dans le cas général.

Le glucosé à 5% n’est pas hypotonique (il est d’ailleurs mentionné : isotonique. Ce qui se passe c’est que si on ne donne que le glucosé sans y adjoindre d’électrolytes (chlorure de sodium par exemple), une fois que le glucose a disparu on se retrouve avec un apport d’eau qui entraîne, lui, une hypotonie. Mais ça c’est la théorie, qui ne serait valable qu’à condition de considérer le corps humain comme un système figé, avec un rein qui ne fonctionne absolument plus (et en faisant l’impasse sur le fait que si on perfuse c’est tout de même bien parce que le malade est en hypertonie). Bref en pratique cela n’a aucun intérêt, sauf dans des cas particuliers, si particuliers qu’on peut se demander si, quand on en est là, il est vraiment utile de perfuser, et si le malade est en sécurité hors d’un milieu hospitalier.

Ce qui par contre est capital en gériatrie, c’est ce savoir ce que l’on fait. Et là vous avez totalement raison : il est parfaitement illusoire de s’imaginer qu’on va pouvoir lutter contre une dénutrition avec du glucosé.

C’est pourquoi je tiens à ce qu’on ait les idées claires : il y a pire que de ne rien faire, c’est de s’imaginer qu’on a fait quelque chose.

Je rapprocherais cette exigence de lucidité du problème de la prise en charge du diabète en soins palliatifs : je ne comprends absolument pas pourquoi on s’obstine à faire des glycémies capillaires aux malades en fin de vie (du moins quand ils ne l’exigent pas) ; en fin de vie on n’a que faire de l’équilibre du diabète, et on doit se limiter à surveiller les hypoglycémies sur la clinique et les hyperglycémies sur la bandelette urinaire ; la glycémie capillaire s’utilise pour vérifier si nécessaire, ou dans des situations exceptionnelles. Mais d’où vient qu’un raisonnement aussi évident n’est jamais tenu ?

De même dans ce qui nous préoccupe : nous perfusons pour apporter de l’eau, n’est-ce pas ? Alors pourquoi tant de gens agitent-ils tant de dangers parfaitement imaginaires, basés sur des théories qui n’ont que l’apparence de la rigueur, et dont les applications pratiques sont nulles ?

Bien à vous,

M.C.

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