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En réponse à :

La perfusion sous-cutanée

, par Michel

Bonjour, Benadallah.

Il faut un peu de prudence pour vous répondre.

Vous me décrivez une situation qui semble assez grave, assimilable à une fin de vie. Si c’est le cas, alors c’est malheureusement assez simple : dans l’immense majorité des cas les perfusions ne servent à rien.

On ne peut pas espérer alimenter le malade par ce moyen : les apports caloriques nécessaires supposeraient l’utilisation de techniques très particulières, agressives, qui ne s’envisagent que si on a un espoir raisonnable d’obtenir à bref délai une amélioration de l’état de santé du malade ; ce n’est pas ce que vous me laissez supposer. Tout le reste est futile : par exemple avec du glucosé on pourrait couvrir environ 10 à 15% des besoins, ce qui n’ aucun intérêt. Quant à l’hydratation elle est très rarement nécessaire ; on sait au contraire que du point de vue du confort les malades sont nettement mieux quand ils sont un peu déshydratés.

Ajoutons que, sauf si on trouve une autre explication, ce qui est fort rare, la seule raison pour laquelle ces malades s’arrêtent de manger ou de boire, c’est tout simplement qu’ils n’ont pas faim, et pas soif. Il faut en finir avec ces lubies ridicules et passablement malhonnêtes qui font prétendre qu’"on laisse les gens mourir de faim et de soif" ; mourir de faim, c’est terrible quand on a faim ; mourir de soif, c’est terrible quand on a soif ; mais ici ce n’est pas le problème.

Pour autant, ce que vous annoncez n’est pas une bonne nouvelle, car votre père va se dénutrir et se déshydrater, ce qui assombrit encore le pronostic. Mais ces facteurs aggravants ne vont probablement pas peser bien lourd en comparaison de l’évolution de son cancer : c’est le cancer, non la dénutrition, qui le conduit là où il va, et dans ces conditions les moyens qu’il faudrait déployer pour combattre cette dénutrition relèveraient de l’acharnement thérapeutique.

Donc je proposerais de ne rien faire ; tout ce qu’il faut surveiller c’est que la déshydratation reste dans des limites raisonnables, ce que les professionnels doivent savoir faire. Au besoin, mais seulement au besoin, on pourrait proposer une simple perfusion sous-cutanée nocturne ; c’est rarement nécessaire.

Mais tout cela dit, il reste à vérifier que nous sommes bien dans la situation que vous décrivez. Si par exemple votre père est jeune, ou si le cancer est moins évolué que vous ne pensez, bref s’il reste du temps qui pourrait se mesurer en mois et non en semaines, il pourrait y avoir de la place pour une attitude plus agressive.

Je crois donc qu’il vous faut faire le point avec les médecins. Si le pronostic est fatal à court terme, tout ce qu’on pourrait mettre en place ne servira qu’à tourmenter inutilement le malade. S’il est moins sombre, il y a place pour la discussion.

Bien à vous,

M.C.

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