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En réponse à :

Vincent Lambert : La honte

, par Michel

Bonjour, Dom

Pardonnez-moi, mais dans votre longue réponse, je n’entends que votre souci de « faciliter la vie » de vos futurs confrères/consoeurs qui devront trancher sur le « cas de conscience » que vous pourriez leur occasionner. Cette sollicitude corporatiste est, certes, tout à votre honneur, mais que vous apporte-t-elle, à VOUS ?

Mais… il ne vous a pas échappé que je le faisais exprès…

Je crois qu’il est bon que le médecin ait le souci de prendre ses décisions au plus près de ce qu’il croit conforme au désir du patient.

Je crois que ce souci perd un peu de son sens dans toutes ces situations où on serait fou de penser que le désir exprimé par le patient à un moment donné pourrait avoir la moindre valeur de guide ; quand, par exemple, il est devenu dément.

Je crois que le médecin est bien content d’avoir des directives anticipées qui le dispensent de se poser ce genre de questions.

Mais je ne compte plus les situations où, faute de la moindre lumière, je l’ai fait à pile ou face.

C’est donc inextricable.

Vous évacuez rapidement le problème en affirmant que cela soulage l’angoisse de nombre de malades qui souhaitent avoir un certain contrôle sur leur fin de vie...

Et j’ai raison (comme toujours) ; mais je vous parle là de situations très particulières de malades en toute fin de vie, dont j’allais être le dernier médecin, et vis-à-vis desquels je pouvais m’engager à faire ma loi de leur volonté. Cela n’est nullement extrapolable aux directives anticipées que j’appelle : de principe, et qui sont écrites alors que le temps est beau.

et vous citez aussi sec la décision inappropriée prise par un de vos confrères dans le cas d’une de vos patientes... à nouveau, on parle fort peu d’elle, mais du dilemme que cette « erreur » a pu causer aux médecins qui l’entouraient.

Oh, non, je ne crois pas. Les choses se sont passées avant qu’elle ne vienne dans mon hôpital, je n’ai jamais rencontré ce réanimateur, qui n’a sûrement de son côté aucune idée de ce qui s’est passé ensuite ; et si j’ai peu parlé de la dame c’est parce que ces deux années passées avec elle voici plus de quinze ans n’ont pas fini de cicatriser.

Mais maintenant, j’ai une question de fond : on a tous peur de mourir, c’est entendu, et plus encore peur de mourir « mal ». Mais les « directives anticipées », n’est-ce pas la version légaliste du « bisou magique qui guérit tous les bobos » ? Est-ce qu’on en est toujours là, après avoir vécu un demi ou trois quarts de siècle ? Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux dire, à la première chute de toboggan, à la première égratignure, « ben oui, mon gars, ça fait mal, mais c’est que le début, il va falloir t’y faire ? »

Pas nécessairement. Mais c’est un pari sur l’avenir. Je vous l’ai dit : le médecin qui lira mes directives anticipées saura très bien quoi faire, du moins s’il a un cerveau. Mais :
- S’il n’a pas de cerveau, rien n’y fera.
- Et au fond, ma vie, ma mort, je m’en fous stratosphériquement.
Ce qui me classe dans les cas particuliers.

Quant à savoir si en France on ne fait pas un peu beaucoup de simagrées autour de ces histoires, là vous prêchez un converti. Mais il n’est pas question que j’écrive ça. Et puis, on verra quand on y sera.

Bien à vous,

M.C.

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