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En réponse à :

Préalables à une psycholologie du sujet âgé

, par Corinne

Bonjour,
Je voulais tout d’abord vous remercier pour votre site qui je pense est d’une grande aide pour tous ceux qui comme moi sont démunis face à un proche en perte d’autonomie. J’ai été séduite par votre grande humanité et votre finesse d’analyse face aux diverses situations qui vous sont présentées. J’ai lu et relu vos commentaires pour mieux appréhender la situation dans laquelle je me trouve mais l’émotion m’empêche d’avoir les idées vraiment claires. Voilà je vais essayer de décrire cette situation où le problème de la maison de retraite se pose pour mon père fortement dépressif. Il est actuellement âgé de 85 ans et vit avec ma mère de 80 ans dans un pavillon qui n’est plus adapté à leur situation.
Mon père a vu sa santé se dégrader petit à petit depuis ses 80 ans, ceci principalement à cause de problèmes de dos, notamment un canal lombaire étroit. Un état dépressif persistant n’a pas arrangé les choses ; l’envie de se battre était très fluctuant et changeait d’un jour à l’autre. Son périmètre de marche s’est ainsi réduit petit à petit entraînant une perte d’autonomie de plus en plus importante. Après une hospitalisation l’année dernière en novembre d’une durée de presque deux mois où il a eu la pose d’un pace maker suivi de soins de suite, il est sorti vraiment diminué, se déplaçant à grand peine dans sa maison et ce avec une canne ou un déambulateur. Il a dû s’installer dans un lit médicalisé au rez-de-chaussée, alors qu’auparavant sa chambre était au premier étage. A cela s’est ajouté un problème d’incontinence qui l’a obligé à mettre une couche dans la journée. Cet état physique dégradé l’a plongé dans une profonde dépression. Il ne mangeait presque plus et a perdu beaucoup de poids. Depuis, il a repris un peu de poids mais mange toujours très peu. Il faut préciser que lorsqu’ il s’est réveillé de son opération, la première chose qu’il nous a dit à ma mère, ma sœur et moi, lors de notre visite, c’est qu’il regrettait profondément de ne pas être parti. Il a parlé avec beaucoup de lucidité sur son état et a dit qu’il avait fait son temps, qu’il avait assez vécu et que la suite dans un état de grande dépendance ne l’intéressait pas. Il était en colère qu’on ne l’ait pas laissé pas partir (et je crois l’est toujours depuis). Ma mère, ma sœur et moi comprenions fort bien ce qu’il ressentait et malgré toute notre peine partagions son avis. Nous savions en effet que ce qui l’attendait à sa sortie allait être une épreuve difficile vu sa façon de voir les choses et qu’il ne pouvait guère espérer retrouver une vraie autonomie. Il faut préciser que mon père ancien médecin a toujours été très actif, qu’il n’a jamais supporté l’inaction et l’idée de dépendance. Son état de dépendance actuel l’insupporte au plus haut point. Ma mère, ma sœur et moi avons essayé tant bien que mal de lui faire un peu remonter la pente. Ma sœur et moi venons régulierement aider ma mère dans ses tâches (ménage, courses, faire marcher mon père..), cela fait un an que nous sommes très impliquées et avons sacrifié plus ou moins notre vie personnelle. Cette situation a fini également par épuiser ma mère qui cet été a fait une chute et a eu une fracture du col du fémur sans déplacement heureusement. Elle s’est vue prescrire le repos complet pendant presque deux mois. Elle qui n’avait jamais voulu d’aide s’est vue imposer des aides car ma sœur et moi ne pouvions tout assurer d’autant que je travaille. Mon père souffrait beaucoup de voir ma mère dans cet état et d’être une charge pour elle, ma sœur et moi. Suite à cette chute, il a commencé à devenir confus et à perdre la mémoire. Il se levait en pleine nuit pour faire du café, ne lisait plus les journaux comme il le faisait (c’était le seul plaisir qui lui restait, disait-il) et n’arrivait plus à faire les mots croisés qu’il faisait facilement. Il se mélangeait dans ses médicaments, ne retrouvait pas leurs noms. Il est à l’hôpital depuis deux semaines maintenant suite à une forte fièvre et un épisode confusionnel. Il s’avère qu’il a fait un micro AVC. Il se remet petit à petit, la mémoire lui revient un peu mais il ne lit toujours pas et n’arrive plus à faire ses mots croisés. Depuis deux semaines je vais le voir tous les jours à l’hôpital avec ma sœur. Il est très déprimé et nous dit que c’est grâce à nous qu’il tient le coup. Là il est en soins de suite depuis deux jours, il en a pour un mois avant sa sortie. Quand j’arrive, il est complètement déprimé, n’a rien mangé à midi. Il me dit qu’il en a marre, que c’est trop dur. Nous devons sans cesse lui remonter le moral et c’est je dois dire éprouvant et fatigant. Ca va un peu mieux (tout est relatif) après notre visite. Là il consent à manger et encore pas trop. Il dit à chaque fois « merci, merci heureusement que vous êtes là ». Je sais déjà que tout sera à refaire le lendemain. Il nous fait vraiment de la peine. Je n’ai pas le cœur à ne pas aller le voir mais je commence à fatiguer (surtout moralement). Je vis la situation au jour le jour mais il n’en reste pas moins que je n’ai plus du tout de vie personnelle depuis la chute de ma mère cet été. Ma sœur et moi avant l’hospitalisation de mon père, allions voir nos parents tous les jours et restions jusqu’à 21h00 pour faire les repas et le coucher. Maintenant je rentre à 20h30 tous les soirs. Je sais que je vais le faire jusqu’à sa sortie de l’hôpital. Mais après ? Et là se pose le vrai problème ? je ne pourrai pas avoir un tel rythme sur le long terme ou alors je dois sacrifier ma vie personnelle, ce que je n’envisage pas, j’ai un mari et deux enfants certes grands mais qui sont encore demandeurs. La seule solution est-elle qu’il aille dans un établissement et là rien que d’y penser ça me fend le cœur (vu son état dépressif, je crois qu’il ne résisterait pas). La question est de savoir si ma mère peut assumer la charge avec toutes les aides nécessaires ? Elle-même ne sait pas. On nous a proposé la formule de l’Ehpad à domicile. Je suis vraiment dans la tourmente. Il va falloir prendre une décision mais pour l’instant je me sens dans une impasse. J’apprecierais vraiment un éclairage de votre part . Merci en tout cas de m’avoir lue.

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