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En réponse à :

Qu’ils crèvent !

, par Michel

Bonjour, Lysiane.

Je ne comprends pas très bien votre message.

Vous ne parlez que de soins en termes purs et durs mais je vous assure que "d’autres soins" ne relevant pas de la médecine permettent à une personne âgée de bien vieillir.

Du coup, je suis allé relire mon article, ainsi que ceux auxquels il renvoie. Je ne trouve rien qui fasse allusion à des "soins en termes purs et durs" : par exemple quiconque connaît un peu le mouvement des soins palliatifs sait qu’il s’est largement construit (cf. notamment l’importance qu’il attache à la notion de caring) en réaction à ces "soins purs et durs" ; et la même remarque vaut pour les rédacteurs de la pétition sur les USLD ; quant à ma position personnelle, si votre opinion s’est forgée après la lecture de mes articles, c’est que décidément je me suis fort mal exprimé.

Seulement les moyens tardent à arriver alors effectivement on en arrive à penser que la seule solution est qu’ils ne s’éternisent pas trop.

C’est tout l’objet de la pétition. J’imagine bien que donc vous l’avez signée.

Les articles de votre site sont passionnants mais renseignez-vous sur le rôle des AMP et parlez-en.

Je crois que vous faites erreur.

J’ai travaillé avec des AMP dès 2002, et j’ai même eu l’occasion d’intervenir près d’elles en formation, je crois que c’était en 2003. Autant dire que c’est une profession que je connais.

Mais il ne me viendrait pas à l’esprit de dissocier leur action de celle des autres membres de l’équipe soignante. Le pire qu’on pourrait faire serait de les placer dans une sorte de position tierce, à côté des infirmiers d’une part, des aides-soignants d’autre part. Auprès du malade ou de la personne âgée, c’est le croisement des regards, les différences de culture, et non la spécificité des rôles, qui garantit la fécondité. C’est quelque chose de très subtil, mais dont les résultats sont extraordinaires dans les équipes qui marchent.

j’ai fais la formation humanitude qui concorde parfaitement à notre fonction : celle d’être dans l’être et non dans le faire.

Et c’est bien cela qui m’inquiète.

Car si la formation "humanitude" a abouti à vous faire croire qu’il y a une opposition entre l’être et le faire, c’est que le formateur a radicalement manqué son but. A quoi servirait d’être si on ne faisait pas ? Ce n’est pas faute de pouvoir être que nos anciens sont en maison de retraite, c’est faute de pouvoir faire.

Et si la formation d’AMP a abouti à vous faire croire que sur le terrain c’est l’aide-soignante qui s’occupe de faire et l’AMP qui s’occupe de l’être, alors le formateur a là aussi manqué son but. La grande originalité de la création d’AMP, c’est qu’AMP et aides-soignantes font le même métier, mais pas du même point de vue, et c’est par cette synergie que l’une et l’autre s’apportent ce qu’elles ont de plus précieux. Le système dérape dès lors qu’on présume une hiérarchie, qu’elle soit d’autorité ou de savoir, entre les deux.

Et j’ajoute une intuition qui me travaille depuis longtemps. C’est celle du rôle propre.

Quand on parle du rôle propre de l’infirmière, de trois choses l’une :
- Ou on se paie de mots : c’est le cas général.
- Ou on a en vue une série d’actes médeicaux que, tout de même, l’infirmière est bien assez intelligente pour faire, et c’est le comble du mépris.
- Ou on postule qu’il y a des choses que l’infirmière, parce qu’elle est infirmière, parce qu’elle n’est pas médecin, sait alors que le médecin ne peut les savoir. Il n’y a de rôle propre que s’il y a un savoir propre ; et ce savori propre n’est pas lié au fait que l’infirmière serait davantage sur le terrain, j’y était moi-même sans cesse ; il est lié à une différence de point de vue.

Comment cela est-il possible ?

Je crois que ce qu’Yves Gineste m’a appris, il me l’a appris parce qu’il n’est pas médecin. Son métier de base, c’est professeur d’éducation physique. De ce fait, ce sur quoi il travaille c’est sur le sujet en mouvement ; alors que le médecin ne peut travailler que sur le sujet qui ne bouge pas. C’est parce qu’il y a des choses que je sais et qu’Yves Gineste ne saura jamais qu’il y a des choses qu’il sait et que je ne saurai jamais.

De même, je persiste à penser, même si je n’en sais pas plus, qu’il existe un savoir propre infirmier, qui est le seul fondement possible de son rôle propre ; le reste n’est que foutaise, et si ce savoir propre n’existe pas, alors il n’y a pas de rôle propre, il n’y a pas de diagnostic infirmier, etc. Et je crois fermement que pour les mêmes raisons il existe, même s’il reste à mettre au jour, un savoir propre aide-soignant et un savoir propre AMP, fondements respectifs de leur rôle propre.

Mais penser que la différence entre les deux est que l’une s’occupe de faire et l’autre d’être, cela me semblerait inapproprié.

Bien à vous,

M.C.

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