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En réponse à :

La souffrance en fin de vie

, par Michel

Bonjour.

Dans le peu que vous racontez se lit toute la détresse d’une fin de vie qui s’est mal passée.

Évidemment, cela pose une première et difficile question : car mourir n’est jamais, et ne sera jamais un plaisir, et il y a bien peu de fins de vie qui se déroulent sans aucune source d’inconfort. Or on ne peut pas demander à un proche en deuil de relativiser ces souffrances, de sorte que même les fins de vie qui se sont somme toute "bien" passées sont parfois jugées par l’entourage comme des calvaires.

Mais laissons cela, notamment parce que votre mère souffrait d’un cancer de l’ovaire. On sait que dans ce cancer les sources d’inconfort sont multiples, même si elles ne sont pas les plus difficiles à régler.

Vous regrettez qu’elle ne soit pas rentrée à domicile. Et vous avez bien raison : on sous-estime très souvent les possibilités d’une prise en charge à la maison. Encore faut-il une équipe libérale prête à s’investir, et un réseau de soins palliatifs opérationnel. Et il ne faut pas non plus sous évaluer la qualité des soins qu’elle a reçus ; elle était dans un établissement de soins de suite, et les équipes de ces services sont à la fois souvent handicapées par le manque de personnel et habituées à prendre en charge les questions de confort, mieux en tout cas que dans la moyenne des autres établissements. Il résulte de cela que nous ne pouvons pas savoir si la prise en charge aurait été meilleure à la maison.

D’autre part, ce que vous décrivez ce n’est pas un inconfort physique, mais une souffrance devant la mort. Et là nous touchons une vraie difficulté. Car, comme vous dites : elle avait sur le visage la peur elle se batttait car elle se rendait compte qu’elle allait mourir et se battait pour vivre encore et encore.

Et dans ces conditions, que pouvait-on faire ? Certes, il est probable que je lui aurais proposé un tranquillisant, voire une sédation. Mais il y a un problème : c’est qu’elle ne voulait pas mourir et que pour cette raison elle aurait probablement refusé d’être plongée dans l’inconscience.

Nous restons donc avec une fin de vie difficile. Il y en a ; et nous y sommes désarmés quand les solutions dont nous disposons (et la sédation en est une) sont refusées par le malade. Il reste alors à les assumer telles quelles. Et naturellement les pseudo-solutions de l’ADMD sont là totalement inopérantes : il n’y aurait aucun sens à regretter qu’une dame refusant de mourir ne se soit pas vu proposer (voire imposer) une euthanasie.

Si vous voulez nous pouvons continuer à essayer de clarifier cette situation, pour que le souvenir vous en soit moins injustement pénible.

Bien à vous,

M.C.

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