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En réponse à :

La souffrance en fin de vie

, par Michel

Bonjour, Aure.

Je vais vous faire une réponse à la fois simple et insatisfaisante.

Oui, nous avons tous constaté combien il est courant qu’un agonisant décède pendant le court instant où ceux qui l’accompagnent vont fumer une cigarette, prendre un café ou se laver les dents.

Je serais cependant plus à l’aise si nous n’avions pas tous constaté combien il est courant qu’un agonisant attende pour décéder que ceux qui l’accompagnent reviennent de fumer une cigarette, de prendre un café ou de se laver les dents.

En d’autres termes j’aimerais (j’ai essayé, mais ça n’intéresse personne) une étude un peu précise sur ces phénomènes auxquels en tout cas nous croyons dur comme fer. Je prends le pari qu’une fois faite la part du hasard on ne trouverait pas grand-chose. Mais l’enjeu est immense : l’ennemi de la pensée humaine c’est le hasard ; le hasard est un dieu aussi terrible que la mort, car l’un et l’autre sont la figure de l’indécidable. C’est pourquoi nous sommes prêts à tout pour abolir le hasard, surtout en ce qui concerne la mort. Et s’agissant du mourir, lutter contre le hasard signifie trouver du sens, et du sens à n’importe quel prix. Cela signifie aussi construire des mythes (sur le statut des mythes, voyez le magnifique petit livre de Paul Veyne : Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?, au Seuil.

Bref, je ne suis pas sûr de savoir ce qu’il en est. Mais je suis sûr de trois choses :
- La mort n’est pas un phénomène instantané. Contrairement à ce que son nom évoque, le trépas a une durée, et si le décès de votre belle-mère est survenu pendant l’absence de votre mari, on peut estimer que ça faisait un bon quart d’heure qu’elle était dans un état de coma très profond, de sorte qu’elle n’avait aucune conscience de son entourage.
- Bien sûr on peut penser le contraire. Mais outre qu’il faudra m’en donner des arguments, si on dit que la patiente était consciente, alors il faut se demander pourquoi on lui dénierait le droit d’exercer sa liberté en choisissant le moment de partir. Ce que nous faisons pendant l’agonie n’a de sens que si nous faisons fonds sur cette liberté ; nous avons raison ou tort d’y croire mais si nous n’y croyons pas, alors l’euthanasie c’est plus simple.
- Mais il est probable que ce n’est absolument pas le problème, et que cette obsession est le moyen que votre mari a trouvé d’entamer son travail de deuil. La question devient donc de savoir comment on peut l’aider dans ce travail, si du moins il en a besoin. Ce n’est pas sûr car les chemins du deuil sont parfois compliqués. Son médecin peut l’aider, et sinon vous pourriez voir http://www.vivresondeuil.asso.fr/

Je reste à vote disposition (et à la sienne, bien sûr, s’il le souhaite).

Bien à vous,

M.C.

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