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En réponse à :

La souffrance en fin de vie

, par Michel

Bonsoir, Nata.

Deux choses tout d’abord :
- Je ne suis pas sûr que votre message soit complet : il se termine sur un point-virgule. Si c’est le cas, merci de me le renvoyer.
- Je n’ai pas assisté à la fin de vie de votre parent ; il est donc difficile de vous répondre ; mais cela je suppose que vous le savez, sinon vous n’auriez pas écrit du tout.

Il faut distinguer le râle agonique de l’encombrement bronchique.

L’encombrement bronchique est une situation fréquente chez le sujet âgé ; il s’agit de l’envahissement des bronches et des alvéoles pulmonaires par un liquide, que ce soit par défaillance cardiaque, par inflammation bronchique, par infection, etc. Cela se produit souvent en fin de vie, mais pas seulement, d’ailleurs c’est uns situation qui est souvent réversible quand on arrive à améliorer l’état général du patient. Il y a des traitements : celui de la défaillance cardiaque quand elle existe, celui de l’infection, de l’inflammation, etc. Quand on se trouve en fin de vie c’est souvent insuffisant ; il faut alors limiter l’hydratation, donner des diurétiques, des corticoïdes, de la scopolamine, et généralement on arrive à un résultat correct. Quand on n’y parvient pas et que le malade visiblement en souffre (ce n’est pas toujours le cas), alors c’est l’indication à une sédation.

Le râle agonique, c’est autre chose.

D’abord cela survient au cours de l’agonie, phase toujours brève (on peut dire que quand elle dure plus de 48 heures c’est une erreur de diagnostic), qu’il ne faut pas confondre avec la phase terminale, qui peut être plus longue. Cette distinction est importante, même si elle n’est pas facile à comprendre, car les prises en soins ne sont pas les mêmes. Disons qu’en phase terminale, on compte en jours, et on continue à se poser des questions comme celle de l’alimentation, de l’hydratation, etc. En phase agonique, on compte en heures, et on sait que ces questions n’ont plus cours.

Le râle agonique n’est pas lié à un encombrement bronchique ; c’est un bruit laryngé. La différence est que si on pratiquait une aspiration à un malade encombré (geste dont, sauf exceptions, j’ai toujours eu horreur) on ramènerait du liquide, alors que si on le faisait à un malade présentant un râle agonique on ne ramènerait rien parce qu’il n’y a rien à ramener.

La différence pour le malade est majeure : l’encombrement entraîne une gêne respiratoire majeure ; le râle agonique est l’équivalent d’un chat dans la gorge.

Si je lis bien votre message, vous parlez vraisemblablement d’une situation d’encombrement bronchique (notamment parce que cela a duré trop longtemps pour qu’il puisse s’agir d’une agonie). Je ne sais pas quels soins ont été donnés, mais je sais qu’il y a des moyens, même si le résultat n’est pas toujours parfait. Mais je répète que si la souffrance du malade l’exige (et s’il le manifeste), je ne serais pas choqué qu’on propose une sédation si c’est le seul moyen d’assurer le confort. Ce n’est jamais nécessaire en cas de râle agonique, même si cela nous impose de faire la différence entre la souffrance du malade et le fait que ce bruit est une torture pour l’entourage.

Bien à vous,

M.C.

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