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En réponse à :

La souffrance en fin de vie

, par Michel

Bonsoir, Catherine.

Votre situation n’est pas facile, en effet. Il est toujours très délicat de prendre en charge un malade qui est dans le déni.

Une chose est certaine : on ne peut rien faire contre le déni. Si le malade, qui a reçu une information loyale, se comporte comme s’il ne l’avait pas reçue, c’est qu’il met en place un mécanisme de défense qu’il serait très dangereux de détruire (même si j’ai toujours trouvé problématique la manière dont certains professionnels se satisfont de cette situation, qui leur permet de se comporter comme au temps où on ne disait jamais rien au malade).

Encore faut-il que votre mère ait reçu une information loyale. Il arrive que les médecins, de bonne foi, croient qu’ils ont expliqué clairement la situation alors qu’ils ne l’ont pas fait.

Encore faut-il aussi que, respectant le déni, on n’en rajoute pas. Je persiste à considérer qu’on n’a jamais le droit de mentir ; ce n’est d’ailleurs jamais nécessaire dans le déni : le malade se contente d’affirmer qu’il va bien, mais il ne met jamais l’autre en position de devoir valider cette affirmation : c’est un point qu’il se garde bien d’aborder.

Faut-il s’inquiéter ? Oui et non. Il arrive que le malade persiste dans son déni jusqu’à la fin, et que cette fin qu’il n’a pas pu préparer soit particulièrement pénible ; je pense que quand cela se produit c’est parce que certains membres de l’équipe n’ont pas été neutres, et qu’ils n’ont pas su, ou pas voulu, saisir les petites ouvertures que le malade faisait. Il faut respecter le déni, mais il faut aussi saisir toutes les occasions de le faire évoluer. Mais d’un autre côté vous n’avez pas le choix : vous ne pouvez faire que ce à quoi votre mère vous autorise, et si elle ne vous donne aucune prise vous êtes bien forcée de rester neutre.

Cela dit, vous voyez aussi que le déni de votre mère n’est pas aussi massif qu’on pourrait le croire : si c’était le cas, le mur qu’elle a érigé entre elle et la réalité lui permettrait de ne pas éprouver d’angoisse. Or elle en a, et ce n’est pas pour rien. On pourrait même ses demander si elle réussit à ne pas comprendre qu’elle est en fin de vie ou si elle se contente de refuser d’en parler.

J’ai du mal à penser qu’on vous laisse seule dans cette situation : n’y a-t-il pas une psychologue dans le service ?

Je reste votre écoute.

Bien à vous,

M.C.

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