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En réponse à :

Le sondage urinaire en fin de vie

, par Michel

Bonsoir, et merci de ce message ;

Vous m’ennuyez cependant beaucoup, tant la question que vous posez est difficile. A dire le vrai elle est trop complexe pour que je puisse avoir une opinion, et le mieux que je pourrais faire serait de ne pas m’en mêler.

Je vous prie de considérer tout d’abord que, comme vous le dites et comme je le souhaite, votre père a encore de la vie devant lui, ce qui implique que vous devez tenir compte avec une grande prudence de ce que j’ai écrit dans un article qui s’appelle Le sondage urinaire en fin de vie : nous ne sommes pas en fin de vie.

En second lieu, votre père se trouve dans un service d’urologie. Il n’y a pas de raison de penser que les urologues ne savent pas ce qu’ils disent, et nous devons donc partir du principe que leurs hypothèses sont les bonnes.

Quelles raisons aurions-nous d’en douter ?

Il y a la question de la prostate. Elle peut certainement être en cause, et on ne peut même pas se fier totalement à son volume : il y a de très grosses prostates qui ne donnent pas de rétention, et de très petites qui en donnent. Pour le savoir il faudrait opérer ; ce n’est pas très dangereux, ce n’est pas sans danger.

Mais je suppose que, pour être aussi affirmatifs, les urologues ont pratiqué un bilan urodynamique. Ils ont donc des arguments pour dire que le problème est d’origine neurologique. De là à le rapporter à un accident ischémique transitoire, c’est très aventureux. En toute rigueur ce serait même faux, puisqu’on ne peut parler d’accident ischémique transitoire que s’il a disparu sans aucune séquelle. Il est donc plus juste de dire que la commande nerveuse de la vessie a été mise en panne par un trouble neurologique, éventuellement un accident vasculaire cérébral passé inaperçu. En fait cela n’a guère d’importance : l’hypothèse évoquée est celle d’une vessie neurologique, et sa cause importe peu parce que, quelle qu’elle soit, elle ne connaît pas de traitement.

Si donc cette hypothèse est exacte, il n’y a rien d’autre à faire que sonder.

Tout ce que je peux ajouter, c’est qu’il y a trois pistes que, peut-être, les urologues n’ont pas envisagées :
- La première est de pratiquer des autosondages. Je veux dire que dans les problèmes de vessie neurologique, il est possible d’apprendre à un patient motivé et suffisamment alerte de se sonder lui-même. C’est plus facile chez le sujet jeune, c’est plus simple chez la femme, mais enfin ce n’est pas à écarter a priori dans une situation où la sonde à demeure représenterait une souffrance majeure.
- La seconde est de poser un cathéter sus-pubien : au lieu de sonder, on plante, après anesthésie locale, une grosse aiguille dans la vessie, on passe un tube très fin, et on raccorde à une poche. C’est une technique qui a été en vogue, elle l’est moins parce que sur le long terme c’est moins commode qu’il n’y paraît, mais enfin cela existe.
- La troisième est de parier sur la prostate, et d’opérer quand même ; mais comme je vous l’ai dit le plus probable est que les urologues ont des arguments précis pour dire que le problème n’est pas là.

Si on peut tout de même envisager ces solutions alternatives, c’est parce qu’il serait malgré tout grave de gâcher les dernières années de vie d’un homme avec une sonde à demeure. Si donc, dûment informé et averti, il persiste à demander une autre solution, alors il est légitime, pour ne pas dire obligatoire, de les proposer. Mais je vous le répète : aucune n’est simple, aucune n’a de probabilité importante de réussir.

Bien à vous,

M.C.

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