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En réponse à :

Le diabète en fin de vie

, par Michel

Bonjour, et merci de ce message.

Je dois bien entendu vous mettre en garde : quand on pose un problème éthique il faut distinguer les questions qu’on se pose en général, et qui sont en somme des expériences de pensée, et celles qu’on se pose en présence d’un cas particulier. Ce qui doit rendre prudent dans votre mail c’est qu’il commence par l’exposé d’un cas particulier et se termine par ce que vous appelez une question générale. C’est précisément ce que nous ne pouvons pas faire.

Ceci rappelé, comment puis-je réfléchir ?

Si je me place dans l’hypothèse d’une expérience de pensée, j’aurais tendance à dire que cette question ne se pose pas : la loi du 4 mars 2002 (mais bien avant elle la simple Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen) indique que le malade prend les décisions relatives à ses soins. Dès lors que la malade a décidé qu’elle ne voulait pas que ses hypoglycémies soient traitées, alors on ne les traite pas. Il demeure, évidemment, que la loi ne lève pas (mais pouvait-elle le faire ?) l’hypocrisie liée à la question de l’urgence : en cas d’urgence le médecin peut passer outre la volonté du malade ; mais il me semble que dans ce cas particulier cette disposition aboutirait à vider de son sens le reste de la loi. Bref si la malade ne veut pas qu’on traite ses hypoglycémies il n’est pas possible de le faire.

Mais il faut ensuite comparer ce résultat à la situation de la malade : vous indiquez en effet que cette patiente n’est pas en toute fin de vie et que si elle est devenue grabataire elle présente peu de symptômes inconfortables.

Cela me pose une question. Car elle n’est pas à l’article de la mort, et si on ne traite pas ses hypoglycémies elle a toute chance de mourir à cette occasion. Redisons-le, c’est son droit. Mais la loi du 4 mars 2002 précise que la décision du malade doit être éclairée. Il faut donc en premier lieu vérifier qu’elle a parfaitement compris les enjeux : ceux d’une hypoglycémie non traitée, mais aussi ceux de son pronostic à court terme, qui n’est peut-être pas forcément aussi catastrophique qu’elle le pense. Il est indispensable de s’assurer de ces points.

Votre rôle est aussi de manifester votre désaccord (si vous en avez un) : vous avez le droit de penser que le choix de votre malade procède d’une vision trop pessimiste de sa situation, et plaider pour qu’elle change d’avis. Vous pouvez même proposer un contrat, aux termes duquel vous demanderiez à votre malade de suspendre sa décision pendant une période limitée, vous laissant le droit de d’agir à votre guise. Bref vous avez quelques cartes.

Mais sur le principe la volonté de la malade s’impose à vous, et il faut s’attendre que vous soyez contraints d’obtempérer. Faites-le en paix.

Bien à vous,

M.C.

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