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Les directives anticipées

, par Michel

Bonjour, Lionel, et un grand merci pour votre message.

Vous imaginez bien que j’en partage le contenu, et aussi la colère. L’une des pires expériences de ma vie sera ce passage dans une Unité de Soins Palliatifs, pourtant remarquable, dans laquelle, en de multiples occasions, la volonté du malade passait nettement après celle de l’entourage, quand ce n’était pas après celle de l’équipe. Pour moi la volonté du malade est un absolu, et en fin de vie cela implique qu’on doit la respecter y compris lorsque c’est une erreur manifeste ; bien sûr nous avons le droit de la discuter, de nous y opposer, mais si le malade ne cède pas, alors il n’y a plus qu’à se soumettre. Il y a un risque ? Quel risque ? Il meurt !

Mais je mettrais tout de même une limite, celle-là même que ne comprennent pas les militants de l’ADMD.

C’est que l’homme est un animal qui vit en bande, comme les singes. Un homme tout seul n’existe pas. Au début de la civilisation, la notion d’individu n’avait pas cours, ce qui était premier c’était le groupe. Toute l’évolution de la civilisation occidentale aura été de favoriser l’éclosion de la notion d’individu. Evolution bienfaisante, assurément, mais dont il faut garder en mémoire :
- Qu’elle est récente : en France elle n’est certainement pas achevée à la fin du règne de Louis XIV ; au Proche-Orient elle n’est pas encore bouclée, et quiconque l’oublie s’expose à ne rien comprendre à ce qui se passe.
- Qu’elle a probablement, on le voit tous les jours, dépassé son but.

En d’autres termes, vous avez parfaitement raison de vouloir décider pour vous ; et mon texte visait à encourager cette procédure. Mais quand vous les aurez écrites, ces directives, il restera que c’est moi qui aurai à les appliquer, et qu’il vous faudra bien vous en remettre à moi de ce soin. Or vous allez me demander cela en ma qualité d’homme, c’est-à-dire d’animal lui aussi libre, qui ne saurait être réduit à un banal exécutant, mais qui a au contraire sa marge d’interprétation.

Ou pour le dire autrement : quand j’exige de quelqu’un qu’il exécute strictement mes instructions, cela signifie que je redoute ce qu’il ferait s’il s’en écartait, cela signifie que je ne lui fais pas confiance ; quand je fais confiance je donne des directives, quand je ne fais pas confiance je donne des ordres.

En matière de fin de vie, nous sommes entre humains, et nous ne ferons rien si nous ne nous faisons pas confiance. C’est pourquoi il viendra un moment où il faudra bien que je décide pour vous ; cette nécessité de la vie humaine est radicalement inéniliminable. Mais... n’est-ce pas l’autre nom de la confiance ?

Bien à vous,

M.C.

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