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En réponse à :

> La méthode Gineste-Marescotti

, par Michel

Bonsoir.

Je reçois votre message, et je vais essayer de vous répondre.

Il ne vous a pas échappé que mon article est une tentative pour dire sur la méthode Gineste-Marescotti des choses à peu près objectives, et pour en faire une critique raisonnée. Dans ces conditions il faut bien que je vous dise que je me sens d’emblée en difficulté : la position que vous adoptez reprend à peu près toutes les critiques que j’ai essayé de nuancer, de sorte que si vous conservez cette position après avoir lu mon texte c’est que je suis un piètre avocat. Mais au fait, cette opinion que vous avez, vous vous l’êtes forgée, n’est-ce pas ? Comment en êtes-vous venue à cette série de conclusions ? J’entends : quelle est votre pratique personnelle de la méthode Gineste-Marescotti ?

"La méthode G-M apparaît comme un moyen supplémentaire de remettre en cause l’expérience des hospitaliers,"

Je parle de cela. Ne perdons pas de vue que je suis moi-même hospitalier depuis dix ans. Non seulement cette méthode n’a rien remis en cause, car ce que j’y ai vu n’a fait que confirmer mes intuitions personnelles, mais encore si elle l’avait fait je lui en saurais gré, tant j’ai vu d’inepties se perpétuer à l’hôpital.

Ce que, peut-être, vous pointez, c’est le fait que la méthode se construit en réaction à un certain type de comportement hospitalier, joint au fait qu’Yves Gineste n’est pas issu du monde soignant. Il y a là quelque chose d’agaçant, et dans la critique que j’ai adressée en privé aus rédacteurs d’"Humanitude" j’attirais leur attention sur le fait que leur regard sur ce point est parfois simpliste (tout comme est simpliste leur approche de l’action des religieuses).

"par des méthodes empruntées à d’autres en plus,"

J’ai écrit dans mon article que, loin de tracer un chemin original, Yves Gineste se situe plutôt à la pointe d’une évolution qui a commencé avant lui. Cela il le sait, et il le dit. Reste que son apport propre est immense.

"je ne sais pas encore si une secte (probablement rattachée à la Scientologie) est derrière"

Je ne crois pas une seconde qu’Yves Gineste soit dans un mouvement sectaire ; mais ce qui me surprend c’est la précision que vous apportez : quels sont vos arguments pour parler de la scientologie ?

"mais la façade est plus une affaire commerciale qu’autre chose, et, les copyrights sur des termes comme "La philosophie de l’humanitude" sont assez probants..."

Non, ce n’est pas probant.

Il y a deux points à considérer.

Le premier est qu’Yves Gineste est un acteur privé qui vit de son travail. Il le sait, le dit, le revendique. Tout ce que je peux affirmer c’est que quand j’ai dû acheter sa formation elle était bon marché, et bien qu’il m’ait mis en liste d’attente pendant un an il a été particulièrement accommodant, j’allais écrire : généreux. Mais il est clairement dans le secteur lucratif.

Le second est cette histoire de copyright. A ma connaissance il n’en tire pas un sou, mais il a pris cette précaution pour éviter le galvaudage des concepts. Pour vous donner un exemple il me disait combien Cyrulnik regrette de ne pas avoir fait breveter le terme "résilience", et il est probable que Morin aurait fait la même chose pour "politique de civilisation" s’il avait pu prévoir...

"Il serait temps de s’intéresser aux vrais travaux réalisés par des professionnels scrupuleux (Docteur Mias etc)"

Certes. Il se trouve que Lucien Mias et Yves Gineste se connaissent, que je les connais tous deux et que je me tiens à votre disposition pour transmettre votre mail à Lucien Mias. Il vous dira lui-même ce qu’il pense de tout cela, je crois que son opinion n’est guère éloignée de la mienne.

"et prendre en considération de le mot humanitude a été utilisé pour la première fois, en Suisse, en 1980 par Klolfenstein."

Yves Gineste est le premier à dire que Klopfenstein est le premier utilisateur du mot. Pour ce que j’en sais, la ressemblance s’arrête d’ailleurs là, tant l’acception du mot chez Klopfenstein est éloignée de ce qu’elle est chez Yves Gineste.

"L’humanitude doit faire place à l’humanité, l’humanité n’est pas une espèce, l’espèce est humaine avant tout (utilisons les mots correctement)."

C’est la principale objection que je fais au concept. Mais dans "Humanitude" les auteurs s’expliquent sur le choix du vocable ; je ne suis pas d’accord avec eux, mais il ne faut sans doute pas accorder à ce point plus de valeur qu’il n’en a.

"Ceci écrit, le "prendre soin" quel terme ridicule, c’est vraiment à l’image de la société actuelle."

Cela, je ne crois pas. Prendre soin, dans un lieu comme celui où je travaille, c’est la chose la plus importante qui soit au monde.

"Un peu plus de compassion, un peu moins de protocoles, et, les soignants plus responsables ne s’en porteront que mieux, et, si les soignants ont des moyens suffisants ils sont capables d’assurer un travail exemplaire, ils sont formés dans ce but à ma connaissance."

Savez-vous ce que disent les chiffres ?

Ils disent que le taux de maltraitance est à peu près proportionnel au ratio en personnel. Autrement dit : nous manquons de personnel, je suis bien placé pour en parler. Mais si on se contente d’augmenter les effectifs on ne résout rien, au contraire. Tout se joue dans la formation. Et j’ai pu obtenir des résultats probants avec des effectifs squelettiques. Il faut tout à la fois se battre pour obtenir l’effort financier indispensable et savoir que cela n’est que la base sur laquelle on construira un prendre soin de qualité.

"Alors la méthode GM est ce qu’elle est, le temps permettra de démontrer certaines choses, pour le moment laissons venir...Alors cette "méthode", secte, opportunisme affairiste ou supercherie ce ne sera pas à moi d’en conclure, mais sa place au sein du milieu hospitalier apparaît de plus en plus comme un dérivé des soins de confort par le toucher principalement , compte tenu des connaissances des soignants nous pourrions penser à une dérive des soins de confort."

Comment le savez-vous ?

Je vous le redis : la méthode Gineste-Marescotti n’est à mes yeux que la plus belle d’une série de méthodes. Elle n’est pas, ne prétend pas être, une création de novo. Mais c’est la plus belle. Simplement.

"La souffrance revêt différentes formes pour ceux qui sont en fin de vie, ils ont le droit à la paix, le droit d’être respectés, de ne pas subir, en fait d’être soignés comme il se doit mais pour ce faire l’établissement doit avoir le personnel en nombre et les spécialistes nécessaires (agents hospitaliers, aides-soignantes, infirmières, kinésithérapeutes, psychologues etc) l’hôpital n’est pas un théâtre."

En effet. Je crois que ce n’est pas non plus le propos d’Yves Gineste.

Bien à vous,

M.C.

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