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En réponse à :

Menaces sur la gériatrie hospitalière

, par Michel

Bonjour, Isa.

Que vous répondre ? Je n’ai pas beaucoup d’estime pour ma profession, et je ne vais certainement pas vous expliquer que tous les médecins possèdent la compétence, et plus encore l’épaisseur humaine, que vous êtes en droit d’attendre d’eux. Ce que vous décrivez, cela existe.

Mais cela vous donne-t-il raison ? Je ne le sais pas. Ce n’est pas sûr.

Vous décrivez une situation assez classique : une vieille personne chute, on l’envoie aux Urgences, on lui donne un sédatif, elle s’enfonce. Mais il y a trois choses au moins à préciser :
- Les Urgences sont un lieu très inadéquat pour la prise en charge du sujet âgé, et il y a là un problème majeur d’organisation.
- On connaît les dangers des sédatifs en gériatrie ; mais il n’est pas toujours possible de les éviter.
- Le patient a fait une chute ; il y a donc quelque chose qui l’a fait tomber, quelque chose que nous ignorons, et dont peut-être nous n’aurons jamais le fin mot. Cela nous oblige à nous demander si c’est vraiment la prescription de sédatifs qui l’a mis dans cet état, ou si ce n’est pas plutôt la pathologie responsable de la chute qui l’a mis dans cet état. Voilà comment les apparences peuvent se retourner contre un gériatre qui en réalité a fait son travail correctement. Mais bien sûr je n’en peux rien savoir.

Ensuite les choses vont de mal en pis. Cela se produit quelquefois, et il m’est arrivé d’assister avec une sorte de rage impuissante à l’effondrement de malades qu’après les avoir brillamment sauvés d’une pathologie aiguë j’ai vu décliner inexorablement et mourir sans aucune explication, sans me donner aucune prise. L’incompétence peut en être l’explication, d’ailleurs tous les médecins qui exercent en gériatrie ne sont pas gériatres. Mais là aussi il se peut que les apparences soient contre le médecin. Je ne peux vous en dire davantage car vous n’apportez que votre cri. Mais en fait je ne veux pas en savoir davantage : que ferais-je si j’acceptais un rôle de juge d’instruction ? Il m’est bien plus important d’attirer votre attention sur le fait que ce cri que vous poussez est aussi, et sans doute d’abord, l’expression de votre souffrance devant un papa qui, peut-être, est en train de vous quitter. Et il faut sans doute, même si cela ne doit pas vous faire perdre de vue les lacunes éventuelles de la prise en charge, considérer cette souffrance en elle-même et prendre soin de vous.

Bien à vous,

M.C.

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