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En réponse à :

La démence : généralités, suite de la conversation avec Annick et Sophie

, par Dom

Sophie, un mot encore

Vous dites : "...en votre qualité de fille de ... vous avez totalement la latitude de demander à ce que ce test [d’épreuve à la fausse route] soit fait."

A dire vrai, je trouve cette histoire de mixé assez stupide, d’autant que ça varie selon l’équipe d’AS de service, et que je n’arrive pas à savoir qui, quand, et pourquoi on a décidé de la passer en mixé. Mais depuis que la moitié supérieure de son dentier a disparu, probablement perdue, comme la moitié inférieure, dans un changement de draps, j’imagine que ça devient compliqué pour elle de mâcher... et donc compliqué pour les AS de l’ "aider à manger" quand elles ne disposent que de 10 m’ par résident au moment des repas (c’est vous qui donniez ce chiffre, n’est-ce pas ?)

Vous me direz (non, en fait, je ne crois pas que vous me le direz, mais je l’entendrai, c’est sûr, autour de moi) : "Comment ? Mais c’est inacceptable ! Il faut lui refaire son dentier, et ça coûte un bras, et c’est pas remboursé, il faut attaquer l’EHPAD, et leur présenter la facture ! "

La vérité, c’est que je me fiche un peu du dentier disparu de ma mère, et aussi du droit que j’aurais de demander tel ou tel test "à l’équipe pluri-disciplinaire", et des commentaires que je pourrais faire sur tel ou tel aspect discutable du fonctionnement de l’EHPAD, et des protestations contre "les autres résidents" qui menaceraient sa quiétude (cécité, quand tu nous tiens...).

La vérité, c’est que je sais que ma mère arrive en fin de parcours, et qu’elle mourra bientôt, d’une fausse route, d’une mauvaise chute, d’un rhume ou simplement, bêtement, dans son sommeil (c’est ce que je lui souhaite). Je dis "bientôt", ça peut-être quelques mois, trois ans ou... Peu importe. Tant qu’elle vivra, la seule chose que je voudrais, c’est qu’on soit gentil avec elle, qu’elle ne baigne pas dans ses excréments, qu’on lui évite autant que possible de souffrir, et qu’on lui foute la paix. Pas qu’on multiplie les analyses de risques, les tests, les examens, les fabrications de dentiers, lunettes et autres appareils auditifs, les médications, les diagnostics, les "animations stimulantes", les hospitalisations, les opérations...

Juste qu’on lui foute la paix, et qu’on soit gentil avec elle. Elle ne "réagit" pour ainsi dire plus, mais parfois, de plus en plus rarement, elle a ce merveilleux sourire avec les yeux qui frisent qui m’a toujours été si précieux. Et manifestement, qui a conquis aussi les AS - ma mère n’est pas une patiente "compliquée"...

Je la sais entre des mains attentionnées. Pas parfaites (qui l’est ?), mais dévouées - probablement au-delà de la simple obligation professionnelle (mais peut-on faire ces métiers sans s’investir, au moins un peu, au-delà de la simple obligation professionnelle ?)

Cela me paraît déjà immense.

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